DHANUSHMAT,
lettres à une Auroville / plate-forme d'échange et d'écriture
/ en quête d'une Auroville intérieure / dans l'esprit du Yoga
Intégral de Sri AUROBINDO. |
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Mercredi
19 décembre 01, Samâdhi PM
‘Je
suis celui qui n’a qu’une seule flèche.’
–
« Ce matin, juste au moment où nuit se fait la plus noire
et que tout soudain jour approche, sous l’arche céleste entre-deux
où pointe l’étoile du matin, la courbe tendue de mon
arc confirma l’esquisse du tracé horizon. Le regard encore
plongé en les rêves de nuit et déjà tout éveillé
et dilaté de l’œil-soleil iris, je pinçai corde
de tendresse infinie. Ce fut un temps comme si les dieux se penchaient
sur la terre en attente du son. Voix de nuit et voix de jour se turent,
libérant l’air d’une blanche vacuité de silence,
comme en un commencement des mondes. Tout était attente et vastitude
sans nom, mes doigts guidés des mains de l’Archer divin lâchèrent
la flèche de vibration qui partit comme éclair entre lune
et soleil, sonorité étrange de l’encore jamais entendue,
qui portait les âges roulés des siècles et aubes-naissances
en devenir. Toutes les voix de Terre crièrent en l’unisson
et voix du ciel applaudirent l’audace téméraire de
la tentative osée. Parti des rêves lumineux des désirs
de l’ombre, le trait harmonique se ficha plein cœur en l’insondable
corps de Lumière de quête de Dieu.
Ce fut Temps absolu d’incertitude retenue du souffle, tentative
inspirée inespérée d’un besoin de Dieu. Le
son en une immense inspiration sans fin d’éternité
s’évada des mâchoires crispées et serrées
des barreaux de la cage dorée des habitudes et désirs vifs
colorés de l’expression de terre, et annonça de ses
ailes âme-d’ange libération future, pas premier de
vie nouvelle à venir.
Même les dieux se retinrent leur souffle de crainte de n’être
à jamais reniés. La terre pressentit en son intime corps
de perception qu’une page d’éternité se venait
d’être tournée, que les sombres lois antiques dorées
de pierre, de bronze, de fer et d’acier, se pouvaient fondre et
servir de berceau au nouvel alliage à venir. Les temps sont venus,
la corde de l’Archer a parlé le langage de nouvelle vérité,
l’âme de la Terre se sait aujourd’hui appelée
à se libérer des servitudes des passés et à
marcher plein soleil le poids assuré de son éternité.
Sur l’inimaginable tonale faisant pont-enjambée, voix de
servitude et d’esclavage de Terre se sont posées et ont traversé
l’Inconcevable, voie du Fait.
Voie de l’exiguïté de terre n’est plus seule réalité,
Ni voie de ciel aspect de dualité,
Le pas lourd de terre argile a marché le rayon de soleil, il se
peut désormais se laisser porter des pas inconnus destinés
de sa réalité.
Mon arc a parlé, le jour s’est levé. »
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