Mercredi 31 octobre 01, Samâdhi AM

MA, il y a cette opacité qui envahit mon être, pourquoi ?… Pourquoi toujours redescendre en les obscurités si peu créatrices qui fossilisent, bloquent, empêchent la vie de circuler et la Force de créer.
O MA, MA, que ma vie, ma volonté te soient offertes, que tu puisses porter ce fait et le mouvoir là où il te paraît juste de le faire et de le manifester en ce monde.
O MA, je ne suis qu’un Enfant qui aspire à être un peu de ta vie véritable, je sais que mon mental seul ne se peut être le VIVANT suffisant pour que la vie soit la Vie.
MA, je me donne à Toi, MA, Toi et le Seigneur, Vous êtes ceux qui pouvez, donnez-moi la grâce et la joie de Vous servir en vérité, en la nature si singulière de l’être qui se peut être manifestée par Vous.
Car Tu es la Mère des Mondes, Tu es la Conscience des mondes, Tu es la Force qui pousse les âmes à leur plus haut destin, Tu es celle qui se peut transformer l’humain et le révéler à sa juste vérité. MA, MA, MA, mille fois MA, cela ne serait pas suffisant, cela ne se peut pas remplir la vie si tu n’agis pas en le Réel de mon être.
La vie est vide, absurde, s’il n’y a pas cette lumière qui s’en vient toucher le cœur même du vivant en l’humain ; c’est comme vivre mort, vivre une procuration d’un corps dénué du sens de sa vocation, de sa mission. MA, être missionné, c’est recevoir de Toi, cette goutte de Vie pure jusqu’en le cœur des cellules même, qu’elles se puissent vibrer et louer cette Réalité si Vraie, si douce au cœur du vivre.
MA, Tu es celle qui soigne, panse et guérit les blessures du cœur et de l’âme, Tu te peux aussi les emplir du brûlant vivant de TA Conscience pure.
Croître sur ce sol de Conscience, élaborer la Forme humaine, la bâtir en le Feu de Ta Présence, et se vivre Homme né de Ton désir et choix.
S’ouvrir, s’ouvrir à Toi, comme la fleur au soleil du printemps avec la même ferveur, la même Nécessité, la même simplicité. S’ouvrir à Ton incitation, à Ta demande implicite voilée de notre libre arbitre, s’ouvrir de Ton invite gracieuse.
MA, accorde-nous le stable de Ta Conscience, que le doute que nos cellules ont tant engrangé fonde du feu vrai qui coule en nos tissus et que nous soyons réalité vécue — enfin !
Je me sens si tant tiré de l’Opaque.

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Et j’ai passé des années d’ennui à filtrer le Temps !

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Mercredi 31 octobre 01, Samâdhi PM

MA, plonger en toi, au plus profond de mon oubli, retrouver cette sphère qui me porte, m’“origine’’ encore de vie de mon âme.
MA, ce monde, quel est-il ? Je ne sens que heurts, je ne sens que haine voilée… à peine, si peu ! Comment se peut-on encore vivre cela, comment tant d’ignorance et de souffrance se peuvent engendrer tant d’ignorance et de souffrance ?

Ici l’habit est cuirasse,… l’âme a perdu ses droits et même son existence. Ici l’habit est symbole de ne pas être, ici l’habit dissimule la souffrance de l’Impuissance, ici l’habit dévoile le corps à cru ou le cache, l’annihile, des fois qu’il lui prendrait envie de vouloir être autre chose que ce qu’il n’est. C’est bien là tout le problème, ces deux mètres carrés et quelque de peau circonscrits, c’est encombrant au possible, n’est-ce pas, ça ne peut pas ne pas se voir, ça peut avoir des prétentions autonomes d’exister, de vivre même, et pour comble d’horreur de prétendre vouloir aller jusqu’à être !… blasphème de diable !
UN et NU,
… le temps d’un retournement.
En ma mémoire d’enfance, cette présence de Nudité, si tant déjà pressentie — peut-être un jour d’automne, gris à souhait, un des ces jours où le jour ne parvient pas à être, un de ces jours où l’on est appelé à descendre en ses intimités, un de ces jours où l’âme se lève et se penche sur la vie, ces jours ou l’être s’emplit de dilatation, d’expansion, un de ces jours ou le cœur n’a plus de limite et parle.
Elle est là, en cette encoignure d’huisserie, tranchant sur le blanc cru du ciment peint et s’absorbant en la couleur du bois, CHRYSALIDE de mon enfance. Ce jour gris, anonyme et fade, ce rien à vivre, ce vide en le cœur et l’âme, Elle est là, en sa forme oscillant entre le chiffre d’une architecture et le magma presque informe d’une forme presque quelconque. Elle porte déjà en elle tout le mystère d’une parabole symbolique de sa Réalité sous-jacente. Entre architecture-conscience et déjà mon vide de Vie. Quelle gestation se peut-il bien s’opérer en cet oubli d’encoignure ? Et pourquoi cette fascination en ce jour ?
Je suis tiré de ma contemplation secrète et songeuse par mon frère qui me parle, – « Et toi ? » … et moi ? Où en étais-je ?… toujours ce décalage,… et moi, si en silence. – « Moi ?… je voudrais recommencer, je voudrais redevenir un petit enfant qui se vient de naître, je voudrais être nu, complètement nu, toujours nu, et porté d’une mère et recommencer, recommencer la vie, à ce début, en cette nudité retrouvée. » Et je retourne à mon silence, contemplation, silence d’une souffrance inaudible presque, silence pourtant sans fond qui s’“origine’’ en je ne sais quelle mémoire si lointaine — ‘ma chrysalide, le corps, cette chrysalide de l’âme’ — dira le ‘TOUT-VIVANT’, ma chrysalide est là, définitive, alchimie de la gestation de l’âme, habit-cuirasse de protection d’un corps-nouveau, d’une âme papillon ailée à venir, transmutation en arrière les barrières de cet informe, ce chaos qui se cherche et se “confuse’’ d’alchimie, qui se “conscience’’ en l’intime des cellules, cette puissance créatrice époustouflante qui œuvre et forge du feu de sa décision par-delà notre regard de terre et de la pauvreté de nos imaginations. Je me sais pénétrer le temps du VIVRE, couvert, cuirassé de cette carapace de l’informel, du barricadé, lente gestation inhumaine de l’alchimie des corps forcés, conscience élaborant son réel en les chemins d’Indifférence et d’Ignorance, nos attentionnées compagnes de vie, en le creuset et le feu du Maître de Forge, Celui à qui je m’en remets et dont je me coupe en le même mouvement paradoxal.
Ce jour de petite enfance me donna la mesure de la Conscience, me prédit la solitude du donjon, m’enferma en le silence de la Question qui me fit apercevoir le goût amer de l’inquisition de l’Impossible.
Âme de Nudité d’un corps déjà séparée, clivage déjà bâti et scellé, les murs de la fissure étaient érigés, remparts de citadelle du Non-Relié, la Nudité se devait se couvrir de l’habit du voile et se cacher déjà de sa Réalité aimée ; germe de séparation en la nature profonde de l’être, clivage de conséquence à l’Origine, le monde se fermait au geste et à l’ouvert de l’enfant, la vie s’érigerait en l’enceinte des barrières des mental et vital de l’être, l’âme se devra se plonger en les profondeurs de son éternité et attendre la lente transmutation secrète des Temps pour sortir ses ailes papillon blanc-azur au soleil d’une re-con-naissance enjouée. Ce jour neutre de gris incertain dévoilait à l’être la geste désormais de sa quête, induisait et inscrivait en le hiéroglyphe de la nature les fondations du paradoxe de la vie mal partie, ce duel apparemment inconciliable de la Nature et de l’Esprit.
Le monde n’était qu’un devenir fantoche pour l’âme emmurée en la prison de la séparation, l’être se clivait, Nature et Esprit ne se pouvaient se reconnaître, la déchirure était consommée, et le Divin se commençait de forer.

Cette nudité teintée du désir de terre,
Cette nudité colorée du désir du ciel.

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Faire dégorger toute cette souffrance, comme on fait dégorger des escargots avec du gros sel.

   
         
 
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