Dimanche 18 novembre 01, Samâdhi AM

Aujourd’hui je me sens totalement colonne péristyle Égypte si profondément, demain peut-être palme indienne se balançant sous un ciel-mousson, hier il se peut papillon parcourant de certitude-zigzag le ciel en toutes parts d’un Chemin-hasard ?…
Que m’importe, je me sens Toute-Connaissance de mon État. Il m’est comme des yeux qui se peuvent voir en toutes formes, en toutes choses. Aujourd’hui je résume en ce corps lourd trapu à sa base, la puissance du galbe fécond d’un Ventre de Terre, l’empli d’une eau nourricière qui se cherche son chemin d’empathie vers un ciel en vie à travers le dessin bas-relief ronde-bosse d’une cannelure suggérée, je pressens la force liquide qui transmue et esquisse déjà, en la présence-ligature de l’annelet réunificateur et annonciateur du déploiement fastueusement maîtrisé d’humilité des palmes, le geste ordonnateur de Connaissance et de Force, en le style précis et “incis’’ de l’Ordre-Épanoui supérieur, la fleur-lotus d’un devenir aux mille-pétales, langage concis “emprunt’’ de pierre et de ciel, d’ombre et de lumière.
Et je suis cela, je le vis en mon intime perception, comme se peuvent se vivre sur cette terre toutes choses en Présence du Seigneur, aujourd’hui ‘je’ manifeste la Pré-Connaissance, celle qui est Préfiguration d’une Amplitude plus complète et en voie d’Incarnation.
Il est passage de l’Eau à l’Or, il est passage de la Puissance à la Conscience, je me sens passage entre Végétal prescient et Toute-Connaissance, je me tiens entre terre et ciel et soutiens le Temple, ‘je’ suis cela et plus encore que ‘je’ ne me sais pas encore, ‘je’ suis le signet de la lecture d’une page du moment d’un Livre-Odyssée qui témoigne d’un Lieu secret dévoilé au Tout-Regard voyant d’initié, ‘je’ souligne de réalité le fondé d’un Réel en le message secret de mon silence muet.
Aujourd’hui, je me sens lourde colonne Égypte, … et je vois la pointe amusée d’une palme qui se penche sur le sommet du crâne d’un homme en blanc méditant.

 

 

 

 

 

 

 

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Dimanche 18 novembre, Samâdhi PM

Notre terre tourne et tourne et tourne encore, peut-être un peu lasse et étourdie de cette monotonie ; peut-être se prend-elle tout son temps ? Peut-être nous a-t’elle ‘refilé’ son tournis, son mal-être, son mal-aise ? Peut-être sommes-nous las, las de répéter encore et encore les mêmes rengaines sous des noms et des modes du moment, pourtant il n’est rien de changé, nous sommes abrutis de récurrence de l’habitude, nous sommes “emprunts’’ de la fatigue de ce soleil qui n’en finit pas de se lever tous les jours et la nuit de tomber toutes les nuits.. et puis ?… et puis.
Nous avons inventé il est vrai la machine à mâcher les bonbons, la lessiveuse hydrofuge du cerveau et l’essoreuse intestinale, et pourtant !… pourtant nous restons toujours avec ce même malaise en nous, de ce “tournicoti-tournicoton’’ qui nous rend mabouls…
Si notre terre tourne sa sempiternelle ronde bien huilée de sa courbe orbitale, elle n’en est pas moins tout comme nous en errance de sa tout autant sempiternelle habitude.
Ah cette habitude, cette douce compagne si tant attentive qui ne pardonne que si peu un tantinet d’infidélité !
Cette errance qui nous colle si merveilleusement bien à la peau des jours de l’existence ! quel merveilleux habit n’avons-nous pas là ?…
Cette errance qui se gorge hardi tiens bon du : – « As-tu bien fait le plein d’essence, as-tu pensé à … » , cette errance qui est accumulation du non-sens de Vie, cette errance de la possession encore et encore, et de la peur du manque. Errance, Errance, tu ne nous aimes que de trop, …et nous t’adorons !
Tu es devenue notre nouvelle idole, notre Veau d’Or plastique, et nous te vénérons car tu nous emplis et ne laisses, il est vrai, plus la moindre chance ou place au doute, pas plus à la petite question qui pourtant se voudrait bien être posée en quelque part, entre deux bouffées monstrueuses gargantuesques de ton appétit ogre, car de plus tu te nourris de la chair humaine, celle qui est la plus riche, bien sûr, et la plus malléable à tes désirs !
Et nous errons en habit de moine ou en combinaison astronaute, mais nous tournons mabouls en boule comme notre petite terre la boule.
Pourtant, … pourtant, il n’est que de s’arrêter quelques secondes, il n’est que de s’oublier un peu, et se dessine en or sur fond bleu un sourire d’enfant, si fragile, si innocent, c’est sans doute trop de verre fin, ça se brise rien que d’être regardé !… il y a à apprendre une nouvelle habitude, celle de s’affranchir de ce manque de regard qui brise, qui abîme et salit tout ce qu’il touche, il y a à découvrir, à faire l’apprentissage de cette nouvelle vision, de cette nouvelle façon de percevoir et d’être et, déjà, un nouveau sens apparaît, un quelque chose qui cette fois, rit de dents bien blanches et sereines, et notre errance, notre idole de jadis toute puissance, se fane, s’étiole, et hurle et trépigne, c’est là la toute-puissance de son impuissance, le SENS est né ! Germe d’une plante rare et miraculeuse qui traduit le monde en un langage de Vie, qui emplit l’être d’un sang nouveau, qui engage notre sol à se tourner d’un sens plus vrai, plus complet.
Et de sa sempiternelle ronde habituelle, elle se prend de rêver d’une valse en la cour des étoiles et du désir d’un soleil-amant plus lumineux et ardent qu’avant.
Que ne n’écoutons-nous pas plus nos valses et nos errances du Sens !

   
         
 
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