Samedi 24 novembre 01, Samâdhi AM , Darshan.

Et puis cette terre si peu consentante, si éprise de son opacité, de sa tourbe, qui se réclame pourtant de prendre un coup de soleil, pour se goûter tout de même quelque peu autre, car en quelque part, elle se voudrait bien être autre… Cette descente en ce rien, ce vide, ce néant parfois presque, cette descente en le puits sans fond de mine, parce que ça demande à aller jusque-là, parce que ça appelle pourtant en secret à ce contact, ça demande à se prendre la visite impromptue et imprévue d’un coup de lumière, car c’est tout de même trop noir, trop suffocant, trop souffrant de tant de solitude, de séparation et de différence non résolue. Et il y a ce mouvement à accepter, à aider même de la meilleure volonté possible, il est à accompagner d’un peu d’arc-en-ciel des soleils des jours de pluie de bénédiction passés, souvenance des lumières-Vie où Opaque-Titan n’était alors que rêve-vague déjà lointain et oublié d’un autre monde, d’une autre histoire, d’un autre temps. Il est cet amour, cette compassion si tant nécessaires pour descendre ces barreaux d’échelle noirs-glissants des charbons fossiles, seule cette aide amie se peut être la torche suffisante et indispensable de l’accompagnement, la porteuse de Lumière. ‘Obscur’ enveloppe, absorbe, annihile, il n’a de cesse et d’obsession que d’avaler cette toute petite flamme téméraire qui se voudrait tant être porteuse du Fait, il n’a de ténébreuse cesse que de vivre encore et encore de sa récurrence apprise par cœur de l’habitude, brandissant le noir bouclier du : – « rien ne se doit changer, rien ne se doit différer que ce qui fut de toute éternité, il est trop de risques d’un ‘Autrement’ qui se pourrait perturber l’immuabilité d’Opacité, notre Noire-Reine. »
Ainsi petite flamme nous est en ces mouvances obligées le flambeau indispensable qui nous peut être le témoin engagé de notre désir Arc-en-Ciel, il est des courants d’airs malicieux de l’Extinction dont il nous faut tant nous méfier et garder cette vigilance intacte et pure de toute souillure de l’Oubli, ce compagnon-avaleur si soucieux de notre perte de l’Instant, cet irrévocable préjudice de tant de gouttes de Vie perdues de la négligence.
Ce Noir de mine, ces strates-anthracite sont sans doute pourtant le brillant combustible d’un stock-Conscience encore trop peu connu de nos visites exploratrices, sans doute n’est-il là qu’à puiser pour épuiser l’antique rêve d’un Créateur, révéler à la lumière, révéler en lumière cet Opaque de Nature, cette nouvelle substance Lumière-Matière d’un crée enfin unifié et permanent.
Alors il est de descendre à chaque fois plus profond, au plus profond de ce qui nous est demandé et possible de descendre, à la limite de notre mémoire de Ciel et de notre capacité d’étouffement et de suffocation, il est de porter au cœur de l’Opaque ce germe vivant de lumière si ténu de fragilité et pourtant, si puissant de sa grandeur réversible du possible, pour le réveiller à une Mémoire il se peut oubliée, celle d’un Tout-Soleil vibrant de sa propre nature du fait.
Il est peut-être ce Chemin oublié, il est alors à ré-inventer en l’instant de notre Singulier, ce fragment-mémoire d’un Divin qui se cherche et s’invente, un créateur à l’œuvre de sa propre Réalisation, de son propre Accompli.

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Samedi 24 novembre 01, Samâdhi PM

J’oscille. Je suis Un, je suis deux, je suis million, j’oscille.
Cette rencontre en l’Instant, unique, elle porte en elle-même la force, la présence et les mémoires de toutes celles déjà passées et vécues et à venir. Elle est comme la synthèse et pourtant encore morcelée de la fragmentation d’une Unité non encore établie.
Et pourtant, s’il est un corps de Vie, il y a là tout le possible d’une Rencontre véritable jusqu’en le Corps d’une Vérité indivisible.
Il est encore cette séparation intérieure, ce clivage qui empêche la fécondation du germe en l’Instant, de l’Instant. Il y a cette mort qui enveloppe, sépare, coupe de ce vivant qui ne veut rien sinon d’être ce qui en lui permet d’être et de se vivre.
Il y a toutes ces formes d’être et de ne pas être, comme ça, tout naturellement, si tant simplement.
Nous pouvons plonger en l’acceptation de ce Réel qui se vit pour nous, par nous, nous pouvons aussi le regarder de nos yeux absents, sans l’once d’une attention, comme un coutumier auquel il n’est plus d’usage d’y porter une quelconque attention. Nous pouvons aussi plonger en les abîmes de nos inconséquences et laisser passer ces mondes d’une ‘Chance’ qui ne s’en deviennent que particules de Hasard sur les fibres du Temps. Bien sûr, nous pouvons aussi nous appuyer sur le goût spécieux des mots et du mental, nous aurons bonne conscience, toujours ! Nous pouvons aussi mourir à nous-mêmes en le silence du sacrifice et de la responsabilité de l’acte accompli en conscience.
Et pourtant j’oscille encore, je suis million en expérience, je suis deux en tension de mes extrêmes, je suis aussi en quelque part UN, d’où naissent tous ces mondes de l’irrésolu.

   
         
 
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