Mercredi 28 novembre 01, Samâdhi AM

Ne rien forcer, ne rien obliger, ne rien contraindre, ce qui se doit de s’écrire s’écrira si tel est le mouvement juste. La Réalité se glissera dans le mot, la phrase et les rendra vivants, réels et porteurs du Sens. Se laisser “perméer’’ du Sens profond intérieur que propose la vie, laisser les forces de tout genre s’écrire et s’accomplir et se placer et vivre en ce monde de la Matière, jusqu’à ce qu’elle fasse par tri et décantation le retour-synthèse d’une expression vraie et chargée du Sens.
Si nous étions déjà accomplis en nos devenirs, si l’humanité telle qu’elle se présente à notre présent était l’aboutissement final et inéluctable de Sa Réalisation, n’aurait-elle pas à passer ces temps mort-nés de la gestation et de l’intégration progressive.
Ces temps-tampon sont encore le moyen-outil de base nécessaire pour effectuer un pont entre Inconscient et Conscient ; ne pas suivre cette loi, essayer comme Icare de fuir sa responsabilité est certes s’aventurer en des zones de péril et de perdition, ne pouvant assurer et assumer les puissances et pouvoirs lumineux et autres qui nous traversent de part en part.
Vouloir monter à la lumière de l’esprit et y rester est une quête qui nécessite la qualité de patience. Envisager une quête spirituelle qui se puisse s’élaborer véritablement nécessite une base solide et inébranlable. Babel s’écroula de ses briques de terre rouge, l’Homme-Tour n’était pas encore prêt à recevoir le Feu bâtisseur.
Il est ces temps des choses communes et simples qui se peuvent être une source de ré-alimentation, de reconstitution de forces pour les temps plus difficiles ou puissants à vivre ultérieurement. Si l’être n’est pas prêt lors de cette venue, il se court le risque de ne pouvoir profiter de cette offrande et de plus, se porter double préjudice, du manque à lui-même et des dangers qui se peuvent s’incarner et produire des effets néfastes et destructeurs à l’être en quête, tant sur le plan spirituel que physique si elle en venait à s’établir plus profondément.
Il est pour chacun une œuvre, une mission spécifique à accomplir. S’en remettre aux mouvements intérieurs qui se présentent et s’en remettre aux choix qui sont faits pour le meilleur de la destinée de l’être, quoiqu’il se puisse justifier d’une Impatience d’être en relation plus présente avec son Dieu ou sa Divinité pour laquelle on fait le Yoga, il est nécessaire et important de ne pas oublier, de garder en mémoire, que tout ce qui se présente est là pour amener l’être à sa véritable œuvre et mesure de destinée individuelle.
Prendre le temps de s’assurer du bon état et du soin des rouages les plus infimes soient-ils est s’assurer un déroulement harmonieux et bien huilé d’une mécanique qui est porteuse du sens des rouages divins.
Tout développement trop rapide sur une base non stabilisée et harmonieuse est voué à une réalisation incomplète. Aller à l’encontre de cette loi enchâsse en le sanctuaire l’Ego au lieu de le dissoudre et de le rejeter. Cette acceptation en toute chose est la base du Yoga, sans elle, il ne peut rien être mené à terme de conséquent et de véritable.
Nous ne pouvons pas fonder le Yoga sur des imaginations, mais sur des réalités. L’imagination est un des pouvoirs du mental, il développe et force ce dont le plus souvent on manque et se voudrait avoir ou posséder. C’est un pont spécieux de la pensée, s’y cramponner et s’y associer son être comme une vérité à laquelle on se préfère croire est là un immense danger que l’on se risque de prendre en lui prêtant une attention trop soutenue.
La Réalité est là, elle n’est pas dans nos imaginations de ce que l’on voudrait qu’elle soit, il n’est que de l’accepter dans sa crudité il se peut, sa forme apparemment si contraire ou opposée à ce que l’on voudrait qu’elle soit, pourtant elle est là et bien là où elle se doit d’être et est. À cela, tout un chacun se doit de l’accepter ou la refuser et en assumer la responsabilité.

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Une petite chanson qui se trotte, trotte chemins et rues vides,
Une petite chanson marche en nudité sa solitude.
Qui se voudrait d’une telle “communité’’,
Qui se voudrait être aimé d’une telle vanité ?

Une petite chanson qui se trotte, trotte chemins et rues vides,
Elle se voudrait bien être remarquée et prise.
Qui se voudrait d’une telle simplicité,
Qui se voudrait aimer une telle banalité ?

Une petite chanson qui se trotte, trotte chemins et rues vides,
Ne rencontre qu’opéras et symphonies qui se font cour esprits humains mondains.
Qui se voudrait d’une telle mendicité,
Qui se voudrait y voir la Réalité ?

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Chaque colonne est un lieu patient de forces.

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Chaque jour est une quête, chaque minute, chaque seconde, chaque instant. Il est d’être présent à ce qui se joue et se cherche en chaque événement, en chaque non-événement apparent. Il est d’être ouvert à ce langage subtil, sans impatience ni doute et de laisser la Conscience se prendre son chemin et se faire devenir corps un.
Matière, Temps, Destin, Karma, Espace se lient, se combinent d’alchimie pour produire le Sens de Vie, cet or merveilleux qui du subtil immatériel et du spirituel s’infiltre lentement en le tissu de Réalité.
Réel naît glorieux des gestes répétés de l’habitude engrossée de Patience et de Conscience. Le fil or de la Vie se tisse sur la chaîne ocre-terre de la vie, et Incarnation se fait corps nouveau, le corps de l’Homme à devenir.
Ce corps ne sera plus corps mais tissu du Réel, la Conscience du Divin rendue Chair nouvelle, une Gloire dorée vivante et palpitante en marche de Dieu. La divinité sera ce mélange d’argile antique et de Feu-soleil patient d’éternité, ce mélange imputrescible et inaltérable de Dieu manifesté.
L’Instant d’aujourd’hui, cet infime grain de sable dans la prodigieuse mécanique de Son geste, est le fondateur essentiel même de l’assise nouvelle qui s’apprête déjà à recevoir le poids futur du Réel, cette autre densité du Fait.

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Homme, ne ris pas de tes manques et de tes insuffisances,
Elles sont le langage de l’Instant de ton être,
Tu te ris de toi-même.

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Mercredi 28 novembre 01, Samâdhi PM

Il est cette mémoire…
… cachée en les plis secrets de l’Oubli qui se cherche passage en le présent de l’éternité. Nous sommes à la croisée, en l’Instant, des chemins. Il est ce Réel, si tant chargé de l’essence de Vie, qui se cherche un corps pour se rappeler… se rappeler les grands voyages, les grandes traversées d’une âme en quête de sa Certitude, amener le navire à bon port par-delà les tempêtes et les coups du sort. Il est cette mémoire qui conjugue les présents du passé à l’aujourd’hui, qui embrase le fait de la flamme en couvée, qui révèle l’acte à sa vérité.
Nous sommes cette totalité à la forme encore instable, nous enchâssons ces bribes de Vie du Sens en les fibres-sanctuaire d’une marche encore inaccomplie, nous traçons le chemin de pas encore îles-désertes, attendant de pouvoir laisser empreinte sur rivage de terre-continent, et déposer ce germe en terre arable d’une fleur rouge-incarnat. Étole sacrée de notre éternité se pare de motifs fils couleur de trame et dessine du présent la toile de notre devenir, véritable travail-Pénélope, en quête du Prétendant unique, qui se cherche patiemment en les fils dorés d’une transcendance du grand métier à tisser de l’Éternel. Chaque point chaîne-trame de cette rencontre s’inscrit de sa réalité et annonce déjà la vibration tonale du geste à venir, préfiguration d’un espace-mandala, le cellulaire en accomplissement d’un corps, l’étoffe d’une conscience tissée humaine de Dieu sur le métier quatre dimensions. Nos mémoires nous sont porteuses du fait Or essentiel et s’allient et se combinent, nous révélant les échos-diamant de notre âme en chemin. Elles sont le tissu subtil de nos actes à devenir, le placenta-substrat de la naissance nouvelle à venir ; un jour elles se fondront en le fait, oublieuses et oubliées d’elles-mêmes, et seront corps vivant du Temps mêlé à la fibre nouvelle créée.
Temps, Matière et Conscience tisseront Corps unique aux motifs héraldiques, Homme-Terre-Lumière sur Soleil or-azur et lune-argent sur fond nuit d’étoile.

   
         
 
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