Jeudi 27 décembre 01, Samâdhi AM

Mon Père est le soleil,
Mon âme est la lune,
Ma chair est la terre.

L’âme a frémi. Il ne se peut être de cesse. C’est comme une béance du Sens. C’est comme un infini que nous portons qui soudain nous manque, c’est le langage à jamais secret du Désir de Dieu qui se cherche à prendre corps de Réalité. Toucher subtil de la douleur, l’éternité nous est corps vrai, les parois infinitésimales de notre chair nous semblent barreaux de cage de prison d’étroitesse infinie. Il se peut il nous est une grâce, celle de nous pouvoir vivre en l’Ignorance les temps des nuits noires sans lune ni étoiles de la disette et de notre misère. Le son de l’âme, un cinglant coup de fouet qui lacère les désirs de la Terre, incise notre souffrance de nos périodes d’exil et d’errance. Belle dame des quêtes Moyen-Âge, à qui Rien ne se peut être refusé, nous n’aurons d’autres pensées de cesse de la posséder et l’incarner. Elle est notre plaie à vif, cette cicatrice qui jamais ne se peut se refermer, elle est le cingle au cœur qui ne se peut faire autre que de crier et pleurer. Dans le bleu sombre de la nuit, mon âme a crié, elle se prit l’orbe syllabe OM d’une voix de femme, mon être entier fut subjugué, meurtri de cette douceur illimitée, de cette vie si “emprunte’’ de tant de banalité. Il est des prodiges que seul le Divin ou quelque Esprit démon se peuvent réaliser, nous cohabitons sous même toit d’avec vie et mort, nous sommes tués, assassinés et réanimés, nous subissons les pas de loi de l’Ordre de Karma et Destin et sommes voués à marcher les chemins du Temps des pas inventés des instants de Nécessité de Hasard, suivant dociles et obéissants les phases-lune de notre âme. Temps couverts sans soleil ni lune, temps où même étoiles ne se peuvent nous éclairer, temps où nous foulons en aveugle nos nuits, lune-croissant nous faucille le cœur, libérant l’inanité d’un sens, réclamant l’Absoluité. Un trait d’âme a suffi pour réveiller l’éternité ensommeillée et envoûtée des voiles de pensée. Il est là espace incommensurable et souffrance sans nom, de ne se pouvoir vivre plein de lune, de ne pouvoir être autre que cela.

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Jeudi 27 décembre 01, Samâdhi PM

Oui, ce doit être quelque chose comme ça, être suffoqué ! arriver à ce point où tout ce qui fut vécu n’a que peu de réalité au vu et connu de ce nouveau qui se présente. Soit on se retourne à ce vu et connu du sempiternel si tant connu et si tant vu, soit il se faut passer à chose autre, à autre dimension, autre souffle, autre vie tout simplement.
Une fois que l’on a mordu dans la pomme, l’acidulé a fait son effet et a suffisamment agacé le palais et les dents pour que l’on se puisse de sitôt l’oublier. Lorsque l’on plonge en l’éternité, lorsque l’on se sait cette part si “impossiblement’’ immense manquante pour être, c’est tout une nécessité de n’avoir de cesse que de retrouver ce goût passager et de n’avoir pour idée que de se l’approprier en quotidienneté de jours. Il est aussi ce voile de l’Ignorance et de l’Oubli qui se pose comme le baume compatissant d’une blessure inguérissable, il est cette grâce-adrénaline de mort qui nous anesthésie de ces retrouvailles mystiques poussant son fait-génie jusqu’à même nous faire croire les avoir imaginées.
L’Infini est notre Demeure véritable, nous sommes cette dimension-étalon en mesure d’âme et de Dieu, nous sommes ce langage des cieux en le carcan d’apparence de notre chair, il est cet appel sans nom qui nous aspire et nous tire, nous révèle l’occulte vérité cachée de notre réalité. L’âme nous ouvre les portes de ses paysages le temps d’un instant d’une bénédiction, nous y plongeons corps perdu confiants de tant de beauté révélée, il nous reste goût fleur de sel, sur la peau de nos jours éblouis des soleils. Il est cette formidable immense nostalgie, ce pont du vide que nous portons en fréquente ignorance, qui pourtant sans cesse, nous appelle et nous meut.
Il est ces regards du Temps en lesquels nous pouvons nous laisser avaler, ce sont yeux-pays de l’âme, comment ne pourrions-nous ne pas y être attirés ?
Il est ce lent et périlleux travail de se laisser goûter, d’entrevoir et d’accepter ces voies mille paysages de l’être, plonger leurs réalités et essayer d’y tenter unité ?
Il est regard qui ne se peut encore unifier, ni saisir perspectives trop larges de l’absoluité des faits proposée, il est encore cette souffrance de n’être qu’îlots isolés, aux ponts de “reliance’’ manquants ou en chantier. Il est encore des espaces de l’Inconcevable que nos pensées et mental sur-élaborés ne se peuvent franchir et combiner, lois du contraste qui d’impuissance nous font frémir, notre être n’a pas de limites, il nous faudra bien un jour l’accepter !

   
         
 
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