DHANUSHMAT,
lettres à une Auroville / plate-forme d'échange et d'écriture
/ en quête d'une Auroville intérieure / dans l'esprit du Yoga
Intégral de Sri AUROBINDO. |
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–
« D’où viens-tu l’ami, d’avec cet air sombre
? De quel trouble les feuilles de ton âme sont-elles si tant agitées
? »
– « Oserais-je te le dire tant ma honte est grande de ne pouvoir
supporter la médiocrité et l’indigence humaine ? Je
viens de la Cité de l’Aurore, si tant citée pour ce
lieu d’Idéal où les hommes sont frères et vénèrent
en leur cœur la Mère de tous les Mondes, mon cœur m’avait
amené à trouver le chemin pourtant caché aux yeux
des communs mortels. En fait, c’est une route asphaltée qui
y mène à ces jours et j’en fus grandement surpris.
Pourtant la pancarte était prometteuse et alléchante, c’était
celle d’une belle calligraphie rondement menée qui faisait
invite grandiose d’un monde de merveilles à découvrir
enfin pour une âme assoiffée d’absolu enfin “fraternisable’’.
Les mots et les paroles prononcées en cette bulle des mondes étaient
doux à l’oreille si heureuse de se trouver une nourriture
si tant attendue ; mon corps, mon cœur, mon âme remercièrent
le Seigneur de m’avoir fait trouver le chemin si aisément
au vu de ma lourdeur pataude et l’ignorance qui me caractérisent
et me manifestent. Les belles paroles si créatrices de la Mère
et de la Conscience-Toute étaient délices et miel à
mon mental soudain apaisé et repu.
Las, las, ce me fut là la plus cruelle épreuve que mon âme
se dut rencontrer ; les mots, les paroles n’étaient que voiles
gonflées d’un souffle mort ou moribond ; les âmes se
glorifiaient de l’héritage d’une beauté qu’elles
ne se peuvent supporter en leurs cœurs et leurs âmes malades.
Là où Amour et Harmonie se disaient être, je ne découvrais
que perversité et discorde et querelle sans fin d’êtres
en soif de résister à la vie divine qui pourtant se doit
de les chercher encore malgré toutes les tentatives d’obstruction
qu’ils se doivent inventer et intercaler pour échapper à
leur destin d’être pêchés.
Las, je n’ai en fait découvert que lieux de mégalomanie,
où les colonnes ne sont plus porteuses de l’Ordre de la rigueur
et du tracé “arché’’ de Dieu, j’y
ai découvert la falsification dénaturée d’expression
mégalo d’âmes prétentieuses et stupides de leur
propre Ignorance vaniteuse ; comment un tel lieu d’Idéal
se peut-il être d’une telle “communité’’
si peu avide d’un Vrai et d’un Beau à incarner en la
Matière Noble de la Vie ? Comment ces êtres se peuvent-ils
se leurrer sur les jeux que leur font jouer leurs propres natures et se
croire le nombril de la Conscience du Monde ? Je suis atterré de
ce “petit-bourgeoisisme’’ de banlieue du monde qui se
satisfait de sa piteuse écuelle de lait sans réclamer celui
des étoiles !
Peu m’en chaut les beaux discours s’ils ne sont pas porteurs
du Vrai-Sens que leur conféra le TOUT-VIVANT(1) et la Mère
de tous les Mondes ?
Las, las, mille fois las, mon âme est malade et douloureuse, mes
nuits ne trouvent plus le chemin du sommeil, les étoiles et les
soleils se sont éteints de ma mémoire d’homme en quête,
et la terre a empli de son goût les caves de mon cœur. Las,
je suis de nouveau seul ! »
Un silence emplit le creux insondable du rêve.
– « Mon frère, tu te trompes très certainement,
je sais moi que cette Cité dont tu me parles n’est pas la
Cité de l’Aurore, tu n’étais pas prêt
à la rencontrer encore, ton cœur, ton âme étaient
encore la proie des fantaisies de ton imagination et je perçois
en tes propos un orgueil et une vanité teintée de mépris
et de dédain qui m’étonne de la part d’un homme
qui me paraissait pourtant un frère.
Passe encore quelques temps en ta solitude et réfléchis
bien en les tréfonds de ton être, tu y trouveras très
certainement ce grain de médisance enfoui au plus profond de l’insondable
de ton être, ce ne peut être autrement, mon cœur sait
que, en cette cité, les êtres sont beaux, sincères,
et vénèrent la Mère des Mondes, cette Conscience
merveilleuse que “perméent’’ les mondes et le
TOUT-VIVANT*(1), Celui qui l’a matérialisée de son
corps vivant et dévoué. Va, en fait tu m’as assombri
le cœur et l’âme, j’éprouve pourtant pour
toi une compassion non feinte et aurai prière afin que tu reconnaisses
tes erreurs de jugements si “incis’’.
Frère des chemins, je t’aime en quelque part, quels que soient
ta destinée et tes choix. Je te salue. »
(1) Il s’agit ici de Sri AUROBINDO.
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