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«
Hep toi, t’es bien un ‘Long-Term-Guest’*(1) ?!…
»
« Moi ? »
(Off) Bon dieu, qu’est-ce que je fous là. Je me suis encore
trompé de rêve, c’est pas possible !
« Non, non, ne détourne pas la conversation, je sais que
tu es un ‘Long-Term-Guest’, on ne me la fais pas, je connais
mon cheptel, tout de même ! »
(Off) Ca continue, c’est le cauchemar total, j’avais pourtant
tout fait pour atterrir à la Cité de l’Aurore et,
et…, j’ai dû faire une sacrée bourde pour en
arriver là, c’est vraiment pas possible, je ne sais plus
que penser.
– « Moi ? Non ! J’ai le statut d’aspirant, je
suis un hôte, pas un client à plus ou moins long terme, je
suis un Aspirant à une Vie plus divine et aimante, » …
– (Off) et surtout moins stupide.
– « Ouais, ouais, c’est pareil, c’est ce que j’ai
dit, c’est la même chose. »
« Ah ?… Bon. »
– (Off) Mon dieu, quelle indigence ne nous fait-on pas rencontrer,
mais dis-moi, où suis-je, en un cauchemar rigolo ou en une comédie
sérieuse ? Tout de même, j’aimerais bien savoir !
– « Ouais, attends un peu, je cause avec quelqu’un.
»
– (Off) Ouais, je cause, je cause, je cause et c’est en plein
cagna, et je me sens monter une haine tenace de cette stupidité
stupide d’Ignorance toujours, mon dieu, comment est-ce possible
?… c’est ça la Conscience incarnée ? C’est
ce “cow-boy-scoutisme’’ à la bonne franquette
du ‘supramental’*(2) ?… aïe, aïe, aïe.
Bon, y’en a pour longtemps ?
– « Ouais, ouais, t’as payé ta cotisation au
“financial-Service-business’’*(3) ? »
– (Off) Aïe, aïe, aïe, ça continue, ça
n’en finira donc jamais cette inquisition de l’absurde, me
réveiller, vite, changer de registre, faire quelque chose !
« Moi, j’sais pas, il y a tant de choses à faire, à
payer… » …– (Off) quand on arrive pour être
en règle avec le Seigneur du lieu, je me doutais qu’il n’était
pas sans mercantilisme, mais alors là, j’en suis baba, c’est
un gag, c’est une épreuve pour tester les résistances,
c’est pas possible autrement !
– « Sais pas, demandez-leur voir, si ce doit être fait
et que je l’ai pas fait, j’le ferai. »
– (Off) C’est fou ce qu’on peut vite prendre le langage
du cru, ça montre combien la conscience est puissante ici, pour
qui est ouvert. Mais c’est vrai quoi, il est bon d’être
en bon rapport avec des sous et du business spirituel et surtout avec
ses sbires, c’est la règle d’or des cités de
conscience quelque peu élaborées en ce monde, mais là
c’est de l’‘auro’, pire, de l’‘aurose’*(4),
c’est bourré de conscience, ça se sent, ça
se sait c’est pas pareil, c’est spirituel quoi !
(1) Long-term-guest : nom statutaire
donné aux nouveaux arrivants sur Auroville durant les années
2000, 2001, remplaçant celui des ‘New-comers’, du fait
de difficultés de logement sur la cité et l’ ‘impossibilité’
apparente temporaire d’Auroville de permettre à de nouveaux
postulants de devenir Auroviliens. ‘Guest’ : traduction de
l’anglais en français possible sous deux sens, ce qui peut
apporter il est vrai en français confusion : hôte ou client.
(2) Supramental : qu’il aura fait couler beaucoup d’encre
et de salive, ce mot créé par Sri AUROBINDO ; il n’a
rien à voir avec le Mental comme on se pourrait se l’imaginer
mais est réalisation de l’état divin qui se coule
en la Matière éprise de Sincérité.
(3) Financial-service : Nom donné à l’organisme gérant
l’économie interne d’Auroville.
(4) Aurose : nom créé à partir de Auro*(*la racine
Auro est très usitée pour composition de mots et noms en
Auroville, elle se peut être prise de AUROBINDO ou de AURORE, Auroville
étant la cité de l’Aurore) et rose* (* parce que fleur
tout particulièrement aimée de ‘La Mère’),
projet de nom de la monnaie interne utilisable en Auroville, années
2000
...
Lettre à une
Auroville
Rêve de Réel : Je suis avec une amie des chemins de quête,
de l’exil déjà encore, l’après-midi touche
à son déclin, nous sommes près du cœur de la
Cité de l’Aurore, le temple de MA est là, déployant
ses pétales de sa force de Conscience sur la terre rouge ; nous
sommes seuls, comme c’est souvent en les rêves où est
mis un accent sur un aspect singulier et marquant, en cette oreille cosmique
réceptacle des ondes de l’univers, amphithéâtre
à gradins de pierres rouges délavé de patine, et
nous sommes pérméés de ce silence, de la pierre et
du ciel, et lentement, délicatement, comme celle d’une intimité
qui se dévoile à l’être aimé, elle se
leva… douce, essence de Lumière subtile, silencieuse et vibrante,
Lumière sans lumière pourtant, elle était vie véritable,
vibration qui se prenait corps de Réel, elle montait de la terre,
la terre la suintait, la suait de bonheur, l’extrayait de sa Matière
sourde, et la rendait en en faisant l’offrande au ciel avant que
ne tombe l’obscurité, échange si émouvant que
nos corps témoins perçurent et vécurent de perméabilité
empathique, étant eux-mêmes tissés de cette même
substance entre la terre et le Ciel, comme si chaque cellule était
un œil de perception témoin, grâce d’un échange
d’amour, la vie secrète du Physique élémentaire
se révélait en conscience.
Mon dieu, que cette Terre a déjà travaillé solitaire
en le secret de son silence lourd de Matière, et que nous sommes
loin encore de nous vivre vraiment cette magie du VIVANT hors les prétentions
de nos intelligences si tant stupides de méconnaissance de la raison.
Il n’y avait rien à redire, cette vie vibra l’espace
d’un passage de la passation d’une Nécessité
et le brut joli de la pierre et de l’air se redessina tout nu et
précis de son immuabilité coutumière de nos regards
de terre et d’habitude.
Que n’aimons nous pas vraiment ?…
Que ne Vivons nous pas vraiment ?…
Que ne nous voulons pas devenir ?…
Avons-nous donc encore le pouvoir de refuser la grâce ?
Serions-nous si craintifs que de n’oser demander ?
Courrions-nous des risques que d’être exhaussés ?
…
– « MA,
dessine-moi. »
– « MA, rends-moi visible aux yeux du monde, pour le Servir.
»
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