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Aujourd’hui
le goût d’une amertume…
Pourtant le rêve est joli — la nature de cette CITÉ
est luxuriante et généreuse à souhait, les êtres
paraissent … souriants et intériorisés et… et
puis quoi ? Il y a toujours ce goût de quelque chose qui n’est
pas en place, quelque chose qui ne trouve pas sa place, peut-être
en le cœur, en l’âme ?…
Toujours la même chose, à chaque fois que j’arrive
là, il y a ce hic qui me fait trouver le ‘VIVRE’ tout
à coup difficile. Suis-je donc un cas ? Il me semble qu’il
n’y ait que moi qui ne ressente cette douleur sourde de ce manque…
manque, manque, encore et toujours de cette Vie que je sens là,
juste derrière, derrière quoi ?… derrière à
quelques transparences de voiles chamarrés, mais qui manque si
cruellement ! La Terre donne à voir sa Lumière, les fleurs
se donnent sans fin et vivent le pillage systématique de leur beauté,
se faut-il ne pas être beau pour pouvoir continuer à vivre
de fraternité d’un peu de soleil, de mousson et de compagnie
d’humanité ?
Mais que donnent donc les hommes de cette CITÉ ?
Pourtant, pourtant, ces humains, ils ont cette mémoire du minéral
jusqu’à l’animal en eux, et ils “prédatisent’’
hardi tiens bon jusqu’au manque de regard à l’“autreté’’,
cette vie qui est là juste à côté, cette vie
qui, de surcroît, les côtoie de différence, cette différence
qu’ils ne peuvent AS-SI-MI-LER !
Manque de connaissance et de reconnaissance… toujours et encore
le même vinyle rayé, la même rengaine. Tout s’objective
encore et toujours, la leçon de l’Orient n’a pas encore
fait ses preuves ici, n’a pas réussi à percer la croûte
d’ego de ce manque d’attention à l’autre, à
ce qu’il est, en ce qu’il développe si singulièrement
de mondes, les êtres ne se sont pas “perméés’’
de l’Immense qui les porte, les touche d’un quotidien encore
sans doute … trop quotidien.
Alors, la formule magique – « Mère a dit ! »
oui, Mère a dit, le ‘TOUT-VIVANT’ a dit — entre
nous ils ont dû en dire trop ou pas assez — mais vous, oui
vous, pourquoi regarder derrière, qu’avez-vous fait ? Ils
ont dit ce qu’ils avaient traversé et expérimenté,
pas après pas, ils ont dit ce qu’ils pouvaient assumer de
vérité et en conscience, mais vous, quel est ce bouclier
brandi en avant du : – « Mère a dit ! » ? Ce
manque de courage d’aller en soi, ce besoin d’aller mettre
en avant ce que vous ne créez pas par vous-mêmes en vous-mêmes
pour vous-mêmes, cette crainte de vous tromper en évitant
même d’essayer, cet étendu d’une vérité
éculée de formalisme qui n’en est déjà
de ce fait plus une, ce voile des mots et des clichés qui cachent
une impuissance et l’orgueil de la suffisance mentale ? Ce Manque
est un TROP !
Et cette stupidité à laquelle ce rêve me mène,
ce conseil des ‘sages’ qui… — intuition, dit ‘Cosmopolitan’*(1)
…
– « Moi ? » , ça y est ça recommence,
c’est de nouveau le cauchemar… – « Moi, je sens
que cette CITÉ de l’Aurore et moi ne sommes pas de la même
nature ; je n’arrive pas à me reconnaître en ce que
j’en perçois et entends ici, je sens l’urgence qu’il
y a de trouver un lieu de résonance à ma propre quête
intérieure, je sens qu’il me manque ce temps si… »
– « HA, HA, HA !… le temps, mais nous avons tout le
temps ! HA, HA, HA. »
Oui, sans doute, même le temps de se perdre et de s’oublier
en effet une fois de plus ! Mais quand cela va-t’il finir ?…
– « Ne riez pas ! Comment pouvez-vous rire ainsi de la différence
de l’autre qui sent son cœur épris de sincérité
et de vérité et ne les trouve pas en la CITÉ qui
se devrait les vivre du souffle du quotidien ? Il ne trouve pas cette
résonance secrète à son âme, il ne perçoit
de fait que la stupidité d’un manque, encore un, de profondeur
et de compassion véritable en vos êtres. Serait-il donc à
abattre de vos sarcasmes parce que d’une différence impossible
à assimiler en vos natures d’être? Pourquoi ces rires
si hors de propos si vous étiez assez larges pour porter et transformer
cette différence si tant évidente et criante? N’est-ce
point là la mission qui vous est conférée de par
votre position ? N’est-ce pas un choix que vous avez fait en conscience
?
L’utilisation du pouvoir que vous confère votre position
est la balance exacte de l’impuissance secrète de votre propre
exclusion à vous-mêmes. Chaque seconde qui n’est pas
fécondée de l’attention à l’être
et de son devenir est un coup de couteau porté à la Conscience
qui nous meut. Vous tuez la Vie et la joie, vous êtes le filtre
à rebours de la Conscience et il vous faudra un jour dégorger
toute cette indigence et malhonnêteté d’Ignorance.
Vous avez le pouvoir de décider de qui dérange vos plans
de petites vies sages, vous vous enlisez vous-mêmes en votre propre
bourbier, et ce n’est pas une métaphore. Je vous dis qu’il
y a urgence, l’urgence de rencontrer la profondeur de l’être
en cette Cité de l’Aurore qui n’en a encore à
ce jour que le nom, pas l’âme, ni la vérité.
Elle est empoisonnée et vous portez en vous ce poison et le faites
porter aux autres comme étant la vérité ? Votre responsabilité
est grande, immense, tout comme celui qui se tait et tacitement accepte
en refusant le combat, déjà lassé, et se plie à
vos exigences de votre verdict de vos êtres pervertis en attendant
l’espoir de devenir après … ? de devenir quoi, il est
déjà trop tard, le poison a déjà touché
le cœur ! Il y a urgence, vous dis-je encore une fois, il y a manque
prodigieux, il n’y a pas ici de feu sacré qui soit porteur
d’un désir de partage fraternel vrai, il n’y a que
fausseté et misérable petite vie commune, mais si commune.
Comment se peut-on rire d’une souffrance exprimée d’un
cœur sincère ?… comment cela se peut-il être en
un lieu qui se prétend l’héritier d’une Conscience
en marche ? Pourquoi ici en ce lieu riez-vous toujours des êtres
qui sont habités de la Grâce et du désir d’être
et se tentent de l’incarner ? Le monde n’est-il pas suffisant
pour cela ? Comment se peut-on se contenter de si peu ?
Je n’arrive pas encore à avoir de compassion pour vous, je
suis encore de votre nature, un frère de misère de plus,
sur une Terre de Lumière pourtant. »
Nous sommes
des êtres de création et nous participons de la Création,
Comment pouvons-nous être si peu attentifs et si peu reconnaissants
de la différence d’avec l’autre ?
Quel regard portons-nous donc sur nous-mêmes ?
L’âme réclame son dû légitime, elle est
âme, ni plus, ni moins.
(1) COSMOPOLITAN
(France) : revue mensuelle ayant fait paraître un article sur Auroville
en le début de l’année de l’année 2001
et ayant pointé le doigt sur la responsabilité et l’intuition
( ?) de l’‘Entry-Group’ qui gère l’accès
à Auroville.
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