DHANUSHMAT,
lettres à une Auroville / plate-forme d'échange et d'écriture
/ en quête d'une Auroville intérieure / dans l'esprit du Yoga
Intégral de Sri AUROBINDO. |
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Rêve
? Lettre à une Auroville
– « Mon enfant, pouvez-vous nous expliquer les raisons qui
vous poussent à demeurer en cette Cité de la Vérité
et de la Conscience ? » Le sage trônant de toute sa puissance
en le lieu sacré de la demeure bleue de ses jours. Bien que, hésitant
de par les doutes qui m’assaillirent de bien des aspects de la vie
au quotidien, je considérais ces réticences comme un manque
de discernement de ma part, ou du moins ne pouvant avoir à réponses
suffisamment promptes et sûres, j’avais découvert un
écrit du ‘TOUT-VIVANT’*(1) et n’eus de cesse
de m’y plonger pour en vivre quotidiennement l’enseignement
en l’intime de mon cœur et de mon âme avides de cette
nourriture enfin tangible et exempte en certitude de toute duperie et
hypocrisie verbale environnantes ou autres. Ma décision était
prise, j’aspirais à rester en ce lieu qui m’avait amené
à cette révélation et qui avait reçu une telle
bénédiction de cet être si immense et de sa continuatrice*(2).
Mon âme portait la force invincible de la demande et m’assura
de la fermeture et de la clarté de ma réponse que je formulais
ainsi.
– « Grand Sage, O ‘Toi qui Est’, puisque tel est
ton nom, j’aspire à rester ici en ce lieu de la Vérité
et de la Conscience pour me plonger en l’œuvre du ‘TOUT-VIVANT’,
celui qui perçut la Vie en toutes ses infinitudes et tenta si vainement
mais si réellement cependant, de faire partager sa vision à
ses semblables. Je n’aurai de cesse et de repos avant que de n’avoir
fait traduction en mon cœur et mon âme de cet ouvrage si lourd
du Secret qu’il me fut donné de découvrir en le lieu
de cette cité. Je puis te le dire, O grand Sage, à toi qui
peut certainement comprendre ce langage, j’ai découvert en
m’immergeant en ce mantra vivant que mon cœur et mon âme
résonnaient de joie et d’empathie profonde, et ma décision
est prise, j’aspire à rester ici pour continuer ce travail
intime et participer ainsi de la dimension spirituelle prônée
en cette Cité de la Vérité et de la Conscience. Je
n’ai d’autre aspiration que celle-ci, elle est tout mon Yoga,
et j’accepte avec joie et humilité la soumission qu’impose
ce bienheureux sacrifice.
N’étant qu’un aspirant et ne pouvant ni ne voulant
prétendre à citoyenneté dès lors, je m’engage
à n’être qu’un hôte ou client de ces lieux
d’avec ce que cette situation implique d’engagements matériels.
»
– « Mon enfant, tu as fort sagement parlé, ce que tu
dis de ce Yoga et de ton engagement me paraît tout à fait
légitime et plein de justesse et je puis d’ores et déjà
m’engager à te dire que ta demande ne se devrait pas recevoir
d’opposition de la part de mes pairs, eux certainement tout aussi
soucieux que moi de témoigner de Vérité et de Conscience,
puisque c’est là une de leurs fonctions de pérenniser
ces vertus en le cœur et l’âme des aspirants de cette
Cité. Tu peux donc aller, je te donnerai sous peu réponse
officielle. Tout de même avant que tu ne franchisses ce seuil, puisque
tu me fis la confiance du livre de ton cœur et de ton âme,
pourrais-tu me dire de par quel ouvrage le ‘TOUT-VIVANT’ a
réussi à t’emprisonner de ce délice qui se
coule de ta bouche ? Il n’y a, sois-en persuadé, aucune curiosité
de ma part, mais il me paraît bon d’en connaître le
titre afin que je puisse m’emplir de ce Réel pour charger
de lumière et de puissance ta demande auprès de mes pairs,
peux-tu me le dire ? »
– « O grand Sage, il est vrai que je ne puis te le cacher,
toi qui a pour nom ‘Celui qui Est’, pourtant mon cœur
et mon âme y ont trouvé une intimité secrète
et grandiose qui me font ressentir une réticence à le nommer.
Néanmoins, puisque tu me le demandes, je puis te le révéler
qu’il s’agit de cette œuvre magistrale qui parle de Vie
et de Mort*(1) et de cette lutte merveilleuse que mena de son vivre le
‘TOUT-VIVANT’ jusqu’en l’ultime de son corps et
de sa quête. Je te demande cependant de cette révélation,
de ne la divulguer à qui que ce soit et de te la garder secrète
en le secret de ton mental. »
– « Sois-en assuré, mon enfant, ton choix est un choix
merveilleux et je puis te garantir que ma bouche restera close sur ce
point, elle sera pourtant maintenant chargée de cette connaissance
et en portera l’essence subtile à mes pairs pour accréditer
si besoin était et appuyer ta demande, qui je puis te le dire dès
aujourd’hui sera acceptée, tu peux en être persuadé
dès maintenant.
Aussi dès que nous nous serons réunis et aurons statué
de cette requête légitime, viendrai-je en personne t’apporter
heureuse nouvelle qui te mènera sur le chemin que nous suivons
tous avec joie et sincérité, le chemin de la Vérité
et de la Conscience ; je te salue, mon enfant. »
Ainsi va la croyance de l’aspirant et des hommes.
J’appris pourtant à n’accepter comme tels et véritables
que les faits dans leur réalité toute nue mais bien présente
; pourtant en ce lieu de Vérité et de Conscience prônées,
cela se pourrait passer pour un blasphème ou tout au moins pour
un manque de foi évident.
Je rencontrais parfois durant les jours qui suivirent le grand Sage qui
se devait transmettre ma demande à ses pairs. Ceux-ci étant
fortement sollicités de par l’immensité de leur tâche
et des répercussions que se pouvaient engendrer leurs graves décisions
ne se purent évoquer ma demande lors de la solennité de
leurs conseils ?
Ce ne fut qu’un jour, me trouvant près du Temple de la Mère
des Mondes que je le vis s’avancer de son pas décidé
et solennel vers l’entrée-fanum initiatique. Je décidai
de l’aborder, bien que cela ne fut pas très convenable vis-à-vis
du protocole formulé ; lorsqu’il me vit, il me lança
en joignant les mains au-dessus de lui le OM puissant et évocateur
de la puissance de création et de destruction des univers. J’attendis.
– « Mon enfant, nous avons discouru de ta requête, et
mes pairs n’ont pas accepté ta demande. Ils m’ont dit,
pourtant j’ai défendu ta requête qui me paraissait
à moi tout à fait légitime, ils m’ont dit,
disais-je, que ce travail de traduction en ton cœur et ton âme
de ce livre dont tu m’avais donné le titre ne se pouvait
être ce genre d’ouvrage qui se pouvait se faire en cette Cité
; notamment parce que ce livre ayant été traduit déjà
une fois d’un être, que te servirait-il de t’y plonger
toi-même !? À quoi cela se pourrait-il bien rimer ? Et puis
pour cela si malgré tout tu te voulais persister en ce projet,
tu n’avais qu’à aller en ce lieu religieux*(3) où
le ‘TOUT-VIVANT’ élabora cette œuvre, cela serait
très certainement le lieu idéal pour toi pour y mener ta
quête. D’autre part, tu ne peux rester ici même en tant
qu’hôte et client avec ce que cela accorde et propose à
ceux qui choisissent cette solution pour bénéficier de la
vibration de Sagesse et de Vérité et de Conscience que nous
prodiguons et émanons sur la Cité et le monde.
Si tu voulais rester, il te faudrait travailler à te rendre utile
à la Cité en y travaillant comme tout membre citoyen de
cette Cité et pratiquer ton Yoga singulier sur le reste du temps
libre qu’il te sera accordé de ce fait.
J’ai vraiment tout fait, mais ils ne m’ont pas écouté,
j’ai défendu ton projet de toutes mes forces mais ils ne
sont pas intéressés par la méditation et le travail
de l’étude et du Yoga, voilà mon enfant, OM. »
Il est des merveilles en ce monde, mon cœur et mon âme saisirent
en l’instant toute la dimension cachée de l’épreuve
que me tendaient ces maîtres de la Vérité et du Destin.
Je m’inclinais devant tant de sagesse révélée
et sachant toute parole vaine car suffisance fate et assurément
emplie d’orgueil, je me retirai quelque peu honteux tout de même
de ne pas avoir remercier plus profondément ce Sage de la grâce
qu’il me faisait en me transmettant une telle marque de reconnaissance
et d’équité.
Je me réveillai le cœur et l’âme en émoi,
que tant de souvenance de quête se puisse traverser tant de vies
passées et venir jusqu’à travers le subconscient écrire
mes rêves sur les pages du livre de mes rivages de sable. Que de
rancœurs une âme ne se peut-elle pas porter !
(1) SAVITRI, œuvre poétique de Sri AUROBINDO. (2) ‘La
Mère’, Mirra Alfassa, qui dirigea l’Ashram à
partir de 1926, quand Sri AUROBINDO se retira en sa chambre. (3) Il s’agit
ici de l’ASHRAM, autre approche du Yoga de SRI AUROBINDO, religieux
au sens de relier et plus proche de la Bhakti, la dévotion.
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