DHANUSHMAT, lettres à une Auroville / plate-forme d'échange et d'écriture / en quête d'une Auroville intérieure / dans l'esprit du Yoga Intégral de Sri AUROBINDO. auroville, sri aurobindo, yoga, pondicherry, Pondicherry, Inde, India, Mère, Mother, integral yoga, conscience, consciousness, dhanushmat, Dhanushmat, DHANUSHMAT, archer, samadhi, spirtualité, spirituality
 
 

Samedi 10 novembre 01, Samâdhi PM Lettres à une Auroville


Si, il y a urgence !
Repousser ce qui Est et se doit être comme la raison et le but est un acte de lâcheté et de déviance au regard de la Conscience qui tente sa percée en chaque part de sa manifestation. Elle Œuvre, Elle pousse, Elle gémit et nous ne ferions que de n’utiliser notre résistance naturelle d’opacité pour se donner bonne conscience de l’effort impossible ou de l’Impossibilité d’une Réalité possible ?
Continuer à nier l’évidence est être au service des forces de l’opposition ou tout au moins en être l’otage voire le complice.
S’il n’y a pas en ces lieux propices à l’ouverture à la conscience ce besoin, cette Nécessité intégrale sans ambiguïté qui se meuvent l’être, alors il n’est plus de changement envisageable en la Nature, et le monde est à l’exacte ressemblance de ce que ce lieu se proposait d’apporter d’aide et de soutien.

– « Ici, ce n’est pas pire qu’ailleurs. »
– « Ah ?… bon. »
Il y avait longtemps que je n’étais pas retombé ici, toujours ce foutu rêve de traviole, ça n’en finira donc jamais ?
– « Ici, ce n’est pas pire qu’ailleurs. »
Ah, ailleurs c’est donc pas ici, mais en fait c’est bien comme ici. Et dire que j’ai fait huit mille kilomètres à vol de Boeing 747 pour entendre dire cela, zut alors ! Je croyais que là-bas en mon monde du matérialisme non-divin*(1) — *(1) tout de même ! — c’était tout à fait autre ; je me suis donc planté une fois de plus et … de plus mal planté donc, à ce que j’en ressens. Fichtre… j’en finirais donc jamais, il n’y a donc pas un seul lieu sur cette foutue planète bleue — bleue, de loin — qui se puisse être un lieu de fraternité vraie, de quête vraie, de cette petite joie jolie et pure qui se fait une joie de s’ouvrir comme toute petite fleur soucieuse de goûter son grand frère soleil ?
– « Ici, ce n’est pas pire qu’ailleurs ! »
Fichtre, il va me falloir réviser ma géographie et comme ‘Celui qui aime vraiment’*(2) envisager d’urgence une île intérieure définitive, pas très humain progressif évolutif tout ça, tout de même ! Il y a encore des ponts et des îles pour pouvoir en arriver là et être la juste évolution de son être. Inutile de vouloir franchir les abysses de la prétention et de l’orgueil, ça ne mène à rien sinon au bout du compte à la catastrophe de l’inaccompli dans le meilleur des cas, et encore ? Alors ?… alors…
Que se peut-on changer quand la maladie a gagné si profond ceux qui s’arrogent la prétention d’être les héritiers de la Conscience. Ils gouvernent de leurs petits pouvoirs, décrètent les lois du bon citoyen, de la bonne morale en place pour être un bon aspirant, un bon client — riche si possible, dame, c’est pas donné à tout le monde la bonne Conscience ! — un bon nouvel-arrivant — ça rime avec aspirant, donc ça marche ! — non sans avoir craché au bassinet de la fraternité, et après, il n’y a hélas plus de doute, ici, c’est pas pire qu’ailleurs, c’est vrai, c’est démontré.
Vous venez avec un Désir, et c’est tout de suite écorché, c’est tout de suite l’inquisition, votre pedigree, seriez-vous un espion du Divin ou celui d’un Diable tout aussi divin ?… la question est d’importance, convenez-en, on n’entre pas ici comme dans un moulin, heureusement que les gardiens du seuil honorent de leur intuition ‘cosmopolitaine’*(3) — ça rime avec croquemitaine ! Donc c’est toujours bon ! — la sécurité d’un sommeil de Cité d’Aurore bien-pensante et le légitime d’une sâdhanâ collective, n’est-ce pas ?… Ah mais, quand même !
Là-bas, d’où l’on vient, et d’où que l’on vienne, c’est l’enfer, et on le comprend même si ce n’est pas vraiment vivable ; ici, c’est l’enfer, on peut le comprendre mais… ce n’est pas vivable du tout ! D’ailleurs pourquoi dis-je cela puisqu’on ne demande pas d’y participer puisque vous avez le choix de partir et… le choix de ne faire autrement … que de partir ! Ca, c’est la force de la Conscience qui agit, doublement !
Il y a pourtant urgence, l’urgence de chaque temps non reconnu en l’intime de nos êtres qui se devient déviance. Combien de temps n’avons-nous pas tués de nos laxismes, de notre manque de regard vis-à-vis de nous-mêmes déjà et tant qu’à faire vis-à-vis des autres, de l’Autre ?… et ce sans frémir. Nous portons cet atavisme d’assassin sous toutes les formes déclinées de notre Nature, de nos faiblesses, et chaque manquement est un retard de plus, une mort de plus qui se va faire une joie de plus du Temps et de la Mort, ces deux compères si copains, et Terre, cette pauvre petite boule qui s’en va la perdre, le paradis d’un possible qui s’en va devenir le plus beau cloaque de notre univers le lieu paradisiaque des cancers et gangrènes de notre Ignorance. Et il se trouve encore des gens bien-pensants pour vous rire au nez de votre impertinence tolérée ?
A qui ‘cela’ profite-t’il donc?
En fait, ce qu’il y a de sécurisant tout de même quelque part en tout ça, c’est qu’ailleurs ce ne soit pas pire qu’ici !


(1) : référence faite au livre de Satprem ayant pour titre « Le matérialisme divin », un des livres de la trilogie de ‘La Mère’. (Editions : ‘Institut des recherches évolutives’, Paris).
(2) : ‘Celui qui aime vraiment’ : nom donné par ‘La Mère’ à SATPREM, disciple et écrivain français qui publiera outre des contes et romans, l’AGENDA de MÈRE, et bien d’autres livres sur ce Yoga cellulaire de Sri AUROBINDO.
(3) : Article paru dans la revue ‘Cosmopolitan’ en début de l’année 2001 sur Auroville, parle de l’intuition de l’organisme gérant les entrées sur Auroville ; à noter à ce moment-là (coïncidence ?,laissons-la parler !) une fosse septique triviale qui déborde en les bureaux de ce même organisme et la dissolution quasi complète de ce même groupe.

   
         
 
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