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Mardi
4 décembre 01, Samâdhi AM
Mon corps est de
terre, il ne veut pas, il ne veut pas se plier, il ne veut pas se séparer
de ce qui l’a jusqu’à ce jour mené à
se goûter nouvelle Conscience. Il ne veut pas se soumettre à
la loi du joug, il ne croit pas à l’or du ciel, il a trop
de peur de ne plus rien avoir, ni terre ni ciel. Il ne croit qu’en
ce qu’il a toujours vécu, même si ce n’est en
aucun cas satisfaisant, c’est du vrai, du sûr de sûr,
du certifié, croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en
enfer ! Il sait que ce n’est pas suffisant, mais ça ne fait
rien, ‘un tiens vaut, se dit-on, mieux que deux tu l’auras’,
se disait déjà sans paraphraser un certain ‘pécheur’
du XVII°, devant l’Éternel. Le Seigneur est patient,
il nous ramène toujours là où c’est le plus
difficile, là où ça grince de partout, là
où le bateau se fait voie d’eau de toutes parts, y’a
pas, Il ne nous amuse pas tous les jours ! Adoncques ça réclame,
adoncques à plus ça grince, à plus ça gémit
hardi tiens bon, à plus on se tente là-dedans de garder
un semblant de tête froide et un simulacre d’harmonie et de
sourire, pourtant on sait très bien que c’est sans appel,
on sait très bien qu’il nous faudra définitivement
choisir ou bien sombrer, certifiés bien évidemment de ce
fait de notre récurrente incapacité, ou bien couper, il
n’est pas d’autre alternative possible.
Ah, si on avait su !… il se peut n’aurions-nous pas été
si pressés de venir goûter à ce goût de terre,
ou peut-être savions-nous très bien ce qu’il en était
et nous étions-nous engagés en un peu de confiance d’essayer
de transcrire cet Impossible, d’enluminer d’un peu d’or
les pages encre noire de notre vie présente, ou tout simplement
le Seigneur nous a tout bonnement mis un bon coup de pied au derrière,
ne nous demandant nullement notre avis, sachant très bien ce que
serait d’avance notre réponse !
Ainsi traçons-nous notre propre chemin de forêt vierge en
parallèle des pas précurseurs, conscients tout de même
de notre petitesse et de la prétention qui nous habite et nous
meut, pourtant il n’est nul autre chemin que le nôtre, celui
qui nous dessine et nous mène au point de rencontre d’une
autre vie soleil-pareil, qui nous posera sur la case-départ des
“trajes’’-esquisses*(1) antérieurs de nos petits
pas aventuriers, ces chemins préparatoires en attente des sentiers
moins encombrés, arpentés des pas solitaires d’âmes
en quête-découverte avancées.
Alors je me goûte ce goût de terre, m’en sature à
satiété, il est des vies pour cela, nulle vie ne se peut
ressembler, celle-ci a goût-parfum particulier et singulier de brune
terre lourde charpentée fort prononcé, j’en ai vraiment
plein la bouche, le Seigneur savait très bien ce qu’il faisait
!
(1) Traje : nom commun parfois usité
en certaines provinces (notamment en Franche-Comté) pour désigner
un passage très étroit entre deux murs.
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