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Vendredi
14 décembre 01, Samâdhi AM
O solitude, tu m’es la plus
fidèle compagne de l’Exil.
Il est ce geste,
cette passion, ce mouvement qui nous dépasse, nous déborde
de toutes parts, nous pousse sur les chemins. Que nous ayons choisi ou
pas, que nous ayons été choisis ou pas, il est d’avancer,
puisque nous avons deux pieds pour cela, et puisqu’il y a des chemins
pour ça. Le monde s’étire, s’étale, se
déroule sous notre marche, notre marche sous les soleil et lune
et étoiles. Il est ce voyage en le monde qui nous reflète
notre propre réalité, notre propre mouvance. Ce grand voyage
sur chemin de terre est préfiguration métaphore de ce tout
aussi grand voyage de l’intime de notre quête intérieure.
Nos pas tracent et foulent les chemins subtils de l’Être,
posant piquets-jalons bornes milliaires, dressant carte de mondes encore
incertains et inconnus. C’est là aventure solitaire et singulière,
c’est là joies et souffrances-découvertes, c’est
là chemin de solitude, voie royale de l’Introspection et
de l’Union. Chemins de l’âme, chemins de terre se parfois
conjuguent, se parfois rencontrent, établissant réseau fibres
connaissance et reconnaissance, solitudes partagées d’un
temps. Notre être se court tous les possibles singuliers-communs-pluriels,
espaces de rencontres en besoin et souci de partage et d’existence,
se sachant retrouver solitude, compagne infatigable et inlassable des
sentiers intimes de notre geste.
Et nous allons en les chemins-Exil des mondes, couple incertain en quête
de Dieu, vers ce monde unique et Certain du UN.
Mon âme entremetteuse m’a choisi bien fidèle compagne.
...
Il est ce poids de
terre qui ne se veut pas fondre, qui ne se veut se dissoudre, il est encore
ce besoin de corps de terre et de nudité de l’apparence,
il est cette fonte en l’Originel qui ne se peut encore, il est cette
nécessité de l’expérience du sens, ce corps
lourd de l’essentiel, ce subtil pourtant si corporel et réel.
Il est cette alchimie si secrète, “enlumination’’
des couches sourdes et muettes des profondeurs, matière sombre
de l’Oubli qui esquisse sa part d’amour de résistance,
secret singulier enfoui en empreinte forcée de l’être,
développement et déroulement des écrits rouleau-manuscrit
de destinée de Nature singulière, le hiéroglyphe-symbole
d’une trajectoire de Vie, la lente révélation du Sens,
un Soleil incarné de Sa vérité.
...
Chant alchimique,
Douces plaines de Terre, collines rondes douces rêveuses de mes
désirs, mon cœur n’a pas fait renonce, mon âme
chante les notes ensoleillées endeuillées du ciel et se
vêt de peau sable de désir. Il est ce chant d’amour
de notes encore incertaines qui se cherche chemin en le corps plein de
sa destinée.
...
Corps plein du désir
qui s’écrit en ombre-lettres hiéroglyphes du sens
voilé, peau lourde de désir, voile nu d’Ignorance.
...
J’ai dessiné
les murs et les barreaux de ma prison,
J’aime ma prison.
De si longtemps déjà… je ne sais plus vraiment, sans
doute depuis toujours… appréhendé, mesuré de
quelque regard circonscrit cet espace clos. Il m’a bien fallu m’y
faire, pas d’issue ni d’ouvrant sur un ailleurs possible,
seule une petite fenêtre haut-placée me laisse deviner coin
d’azur “ensoleil’’, nuages passants et phases
de lunes. De tout temps mon univers, celui de ma réalité
nue, murs à la peau “engrisée’’ des passages
négligents du temps, murs enduits décrépis, mettant
à jour strates écriture-bâton d’enfance, notes
lourdes des cœurs jours de pluie et graffitis obscènes irrévérencieux
engravés pointe-sèche des heures incises de désespoir
et mantra pleine page “manuaire’’ de la langue des secondes
de l’éternité. Murs palimpsestes de mes désirs
coupables adolescents, murs espaces mesurés des pas d’habitude
et de routine, en long et en large sol arpenté et “ensillonné’’
des passages nerveux et inquiets des ‘nuls pas de cesse’ et
désirs incestueux enfiévrés des temps-mémoire,
pièce de sanctuaire au trait-cisaille oblique lumière-Égypte
équinoxe, aux mesures du Chiffre du Désir de Dieu, peinte
des fresques des quêtes renaissances déjà presque
effacées, habillée des tentures-voiles lourdes-opaques des
désirs inassouvis obscènes de la luxure et lépreux
de l’Ignorance, champ clos de bataille d’humanité où
il n’est vraiment ni perdant ni gagnant, monde du silence criant
et du cri silencieux, univers clos du tourbillonnement insensé
des pensées, chœur chaud enluminé des jours-passion-amour,
salle ego des temps purgatoires, soupirail pages-poésie contes
et légendes des nuits pleine lune-nostalgie, gestes et chansons
de quête troubadours sur écran tumultueux nuages-tonnerre
des jours d’éclair et de foudre, plafond à l’esquisse
rémanente d’une mémoire filigrane de trappe plein
ciel, frise à motif papier peint arc-en-ciel affadie et fanée
de l’apathie du Temps, dessin soleil-enfant aux rayons tout-vivants
toujours rayonnants, tracés-esquisses de cartes imaginaires aux
mers îles-au-trésor, courbe crayon tendre de paysage colline
et ventre femme, phrases incises aphorismes griffées encre-plume
des instants de révélation, taches vagues aux sens changeants
des moments d’imagination, trois points de suspension ensorceleurs
ombrés en le plâtre en tentative désespérée
d’enchâsser les pas futurs de destinée, image triviale
et pieuse aux trois barreaux dorés de cage héraldique sur
bandes bleu changeant de ciel azur à nuit, j’aime ma prison,
j’en suis devenu le prisonnier.
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