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Vendredi
21 décembre 01, Samâdhi AM
Chemins de pierres,
chemins de terre, chemins de bronze et de fer, chemins communs d’humains,
ils furent tous porteurs de nos pas en quête, ils nous menèrent
des voies préhistoriques du temple-Nature via l’écriture
antique du temple-hiéroglyphe au temples-fanum de nos religions
au temple-Corps. Le monde nous est déjà si couru, si connu,
il n’est même plus l’issue possible de l’exotique,
cette évite, ce détournement. L’Exil n’est plus
géographique, il est cette fracture en quelque part de notre pays-patrie
intérieur, il est cette séparation-clivage du Sens en les
fibres secrètes de l’ignorance de notre être, le monde
ne s’en devient que représentation-symbole de notre souffrance
et nécessité de quête. Le temple si changeant, de
la grotte aux icônes rupestres au temple péristyle antique
et tracés osés de la cathédrale Moyen-Âge,
il s’inscrit désormais en la singularité chiffrée
du corps, ce lieu encore si peu reconnu des pas du Divin. Il se devient
le possible d’une rencontre plus profonde jusqu’en sa réalité
d’existence et de vie. Il y a cette lente découverte des
sentiers de cette géographie humaine à refaire, à
ré-inventer, il est des ponts à bâtir, des liens à
établir entre provinces et régions limitrophes voisines
pourtant séparées des torrents et mers de l’Incompréhension
et de la Question. Il est des ouvrages à construire, des stratégies
à anticiper pour relier et réunifier ce tribalisme primitif
si dispersé et fragmenté de l’atavisme et querelles
passées, il est des fondations de l’Instable et de l’Inadapté
à évacuer, il est un chantier-éternité à
envisager et élaborer. Il est synthèse d’architecture
à dresser, arche à réaffirmer, clé de voûte
d’Alliance nouvelle à retailler des armoiries vivantes du
cercle doré de cellule-soleil retrouvée, il est jambages
à redresser et arc plein cintre à redessiner, il est voies
et accès à désobstruer des constructions-barricades
du mental et pensées, il est pays du vital à pacifier, il
est confiance si tant opprimée à libérer des geôles
de la camisole des idées et idoles du passé, il est cité
à réorganiser du Sens nouveau de Vérité d’une
nécessité retrouvée.
L’exil est là tout présent dans notre distanciation
à nous-mêmes, il est le feu de forge de notre séparation,
il est le creuset-scories antique de notre “reliance’’,
ce feu qui se peut braser, fondre et réunifier l’alliage
nouveau de notre vérité, présent d’éternité.
Temps se bâtit d’exil de terre, de pierre et de titane sa
demeure du sens, il est le temps de se simplifier, le temps de l’urgence
d’un instant d’éternité d’une rencontre
vraie. Il n’est plus temps de courir les chemins, il n’est
plus temps de bâtir d’acier et de verre édifice du
sanctuaire et de prières, il est urgence et nécessité
parlées de bâtir de lumière de Connaissance les cellules
de nos âmes en détresse et trouver le chemin singulier du
Sens véritable qui nous soit le liant d’un fondement d’Acceptation
enfin établi, certifié et confirmé.
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Vendredi 21 décembre
01, Samâdhi PM
Il pleut depuis quatre
jours ; le ‘grand flamboyant jaune’ du Samâdhi laisse
descendre ses branches gorgées d’eau vers la terre ; cela
offre au regard un sentiment de plénitude et de sécurité
extrêmement intense, ce grand corps si tant habité qui protège,
si confiant en ce geste.
Il y a cette beauté naturelle qui s’inscrit dans le commun
des jours, comme une écriture de fluidité, langage parlé
d’une vérité simple et sans question, dans l’harmonie
des mouvances établies sans heurts. Il est sensations et sens qui
se posent d’évidence dans le grand jeu du monde, traduction
d’un Sens plus profond et secret qui se peut les circonscrire et
les accepter pour ce qu’ils sont, proposent et manifestent. Il est
ces sens du désir qui traduisent force-érotisme trop lourde
et conséquente pour se pouvoir être assimilés en le
geste de sublimation. Ce sont ces écrans, ces voiles qui pèsent
et contrebalancent la geste de l’âme, si soucieuse de garder
voie libre et dégagée de transits et trajectoires de l’élévation.
Il y a là question. Question de retournement, question de mutation
et de sublimation. Ce désir, cette puissance qui anime et se meut
le monde, se prend teinte caméléon des branches et feuillages
corps-atmosphères de son entourage et nous entraîne bon gré
mal gré en les voies secrètes de notre destinée.
Il y a là, pas du Hasard soucieux de conséquence, qui nous
conduisent sur les chemins-gammes de l’être, voies du corps
de terre, voies de l’esprit, voix susurrantes des basses profondeurs
de nos luxures et passions, voix régales plein ciel aux couronnes
annelées des montagnes enneigées de l’esprit.
Voix qui parlent si bien à notre nature, qui se cherchent écho
et entente d’expression possible, assentiment et plein-accord réactions.
Du panorama de notre Ignorance la vision de notre foi et confiance demeure
insuffisance et déficience devant une telle offre étendue.
Il est ces temps apprentissage, “perméation’’
et incubation qui décident de l’effet sublimation. Il est
cette nécessité encore d’allers-retours, de descentes
et montées pour bien comprendre la leçon.
Le Temps est maître d’école et nous apprend conjugaisons
et déceptions nécessaires à élaboration. Il
est harmonie à trouver qui se puisse satisfaire tant d’aspects
si apparemment contradictoires. Le Désir est le liant, le propulseur
des coups de dés de la ‘Chance’, il est ce souffle
commun qui se cherche corps de réponse, manifestation et expression.
Il est ces parts sombres de notre être qui se réclament droit
et dû d’existence et font payer lourd tribut à âme
en quête, ce sont forces d’oppositions d’apparence que
nous nourrissons en secret, bêtes fauves encagées de la faim
et de la soif d’un jamais étanché, qui ne se veulent
faire allégeance ni abdiquer. Notre désir se prend racine
en feu lourd de terre et flamme vive de ciel, il se cherche, comme enfant
de son parent, à être connu et reconnu pour se pouvoir faire
enfin de maturité, choix singulier qui le puisse mener à
sa mesure mètre-étalon de son être vrai. Il est cet
amour premier de ne pas réprimer et de guider, il est des forces
obscures qui ne se connaissent d’autres langages que celui de leur
brute ignorance et qui ne se demandent que d’apprendre et de se
révéler, si tant autres que ce qu’elles paraissaient
et savaient. Désir est esprit subtil qui se faufile et s’infiltre
en le moi des choses et leur fait parler la langue de leur native origine,
il est naissance nouvelle sublime qui se peut s’incarner sur le
fil corps-tendu du Temps, cette lente décantation de l’épaisseur
des mots, cette élévation essentielle du Fait en les jours
d’un corps plus parfait.
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