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DHANUSHMAT, lettres à une Auroville / plate-forme d'échange et d'écriture / en quête d'une Auroville intérieure / dans l'esprit du Yoga Intégral de Sri AUROBINDO. Accueil "DHANUSHMAT, lettres à une Auroville" Autres parutions Nous contacter Vos textes Bibliographie auroville, sri aurobindo, yoga, pondicherry, Pondicherry, Inde, India, Mère, Mother, integral yoga, conscience, consciousness, dhanushmat, Dhanushmat, DHANUSHMAT, archer, samadhi, spirtualité, spirituality
     
 
 
 
 
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À propos de …

Exil.
Ne nous y trompons pas, des formes que se peut prendre l'exil, il en est de multiples aux saveurs et spécificités variées à l’infini de la nature de nos êtres, de nos passés et de nos devenirs, de Sa création. Ils s’inscrivent même parfois malicieusement avec justesse ou humour, voire d’avec l’ironie quasi punitive ou humiliante jusqu’en les géographies physiques d’un sol d’étrangèreté que nous foulons sur cette voie de terre comme en les abysses intérins nous séparant du Divin. De toute façon, à y regarder de plus près, c’est du pareil au même, cela ne tient qu’à l’amplitude du regard ou de la vision que nous portons sur nous-mêmes et le monde, et comme il est le plus souvent limité nous n'en voyons encore que bien peu ! La route peut parfois nous apparaître sous bien de multiples aspects fort longue, monotone et, il se peut même, douloureuse ; il nous est cependant des fois accordé de pouvoir prendre le raccourci d’un ‘hasard’ plus ou moins bien intentionné — en tous cas très certainement bien intentionnel, nous n’en doutons plus aucunement —, grâce qui peut s’avérer au bout du compte un tantinet paradoxale voire ambiguë au gré de nos humeurs et de nos états d'âme (ou de Conscience) du moment et qui nous oblige à attendre le plus gros des troupes pas toujours particulièrement écoutantes et réceptives comme nous aimerions que cela le soit au mot d’ordre du changement et de la lumineuse promesse. Troupes fourbues, parts inaccomplies de nos êtres, éreintées, aux jambes lourdes et engourdies de marche forcée — Yoga oblige ! —, troupes que nous avions laissées somme toute plutôt assez allègrement en oubli à l’arrière, reconnaissons-le, dans la joie de notre avancée lumine d’éclaireur si soudain étrangèrement légère et détachée. Nous avions oublié que notre mental et notre imagination (entre autres compagnons dissidents ou mutins du voyage) ont fort vite fait de créer ponts de la virtualité et du trompe-l’oeil ; il n’en demeure pas moins que la bataille se gagne cependant le plus souvent fort péniblement comme sur le front d’une guerre de tranchées par la ténacité et la pugnacité à opposer à la force contraire adverse, force adverse comme par hasard réplique quasi exacte et symétrique de celle que nous lui opposons. Hum !...
Tout le Yoga (Intégral) de Sri Aurobindo s’inscrit dans cette réalité de l’Être à redevenir ce que nous ne sommes pas encore, ou peut-être si peu, et pourtant que Nous sommes très évidemment, à l’origine même de notre Cellule primordiale. Nous re-balbutions les premiers chiffres de cette équation fabuleuse à résoudre, nous sommes si encore séparés de la formule de ce Nous-même, de ce “LUI” tout court ! Alors nous errons sur les jolis sentiers buissonniers de cette tout aussi jolie planète aux décors plus ou moins chatoyants et changeants, en l’attente future et tout aussi hypothétique de ce qu’un espoir se peut l’être — d’incertitude ou d’équivoque —, d’une fusion intime de plans encore apparemment si peu aisément conciliables et conciliés en vérité, pour tisser cependant sur le fil trait tillé de nos vies la toile du nouvel ADN d’une Substance-conscience de Matière nouvelle originelle à venir.
Nous avions pensé, comme bien d’autres très certainement, que cet Auroville créé par Mère aurait pu et dû être le Lieu privilégié, idéal, qui nous était offert ou proposé comme à tout un chacun pour établir cette Rencontre à Soi-même, pour favoriser ce retour à l’Unique, que l’axe de tout un chacun là présent était tendu vers Cela, comme fasciné par le chiffre numineux du phare tant guetté des navigateurs en incertitude ou perdition sur les eaux mouvantes d’un monde tout aussi mouvant, mais pour finir il faut bien en convenir bien peu fréquemment émouvant, du moins sans doute dans le regard encore insuffisamment vaste et large qu’il nous est communément accordé de lui porter à ce jour d’humanité, humanité déjà par trop bien troublée de faire un choix qui se puisse en être un, véritable. Autant abattre les cartes de notre jeu dès maintenant et ne pas épiloguer davantage, ce ne fut pas le cas de notre expérimentation.
Il nous est très vite apparu que l’Auroville que nous avions alors contacté n’était que par trop soucieux de se complaire trop souvent dans le reflet-Narcisse de sa propre image et se devenait peut-être dès lors hélas en partie, géographie sacrée de plus sur une carte de l’Inde déjà bien encombrée. Et que l’Auroville à laquelle nous rêvions ou aspirions alors n’avait d’autre ailleurs que désir secret intime d’âme et d’être, reconnaissance d’avec l’‘être psychique’ pour reprendre la terminologie de Sri Aurobindo. C’est bien à partir de là que s’origine dès lors des racines de notre exil sa réalité manifeste, en la différence même d’une nature d’être et d’aspiration, là où le mot fraternité n’est pas si aisé à appliquer ou à formuler effectivement pour peu que l’on soit quelque peu sincère dans ses relations et porté en le geste de Dieu. En tout cas, il nous apparaît d'évidence qu'elle ne peut pas plus s’acquerrir par opportunisme que par héritage
!
Nous pûmes découvrir et expérimenter combien le Pouvoir en ce lieu se pouvait être présent, puissant, prédateur et insinuant et s’approprier insidieusement* — *au pire du moins nous osons l’espérer — la part torse de certains êtres, et infecter ou enflammer cette blessure secrète que les êtres ne cessent de titiller le plus souvent inconsciemment ou négligemment. Nous avions alors cette image qui s’imposait fréquemment à notre esprit, cette image qu’il fallait en urgence à Auroville un gigantesque miroir pour que cette cité se puisse enfin voir dans sa globalité l’état de sa propre misère ou déviance individuelle et personnelle, son propre manquement à l’Idéal commun. Un super-baromètre de l’état d’âme, quoi ! Mais voila, les guides sont partis laissant les lieux quelque peu en friche à leur propre destinée de jachère avec des directives un peu trop vastes et dès lors apparemment contradictoires pour l’étroitesse réceptive individuelle, c’étaient bien eux qui jusqu’à lors étaient le miroir-conscience de cette humanité en quête. Nous rêvions au pouvoir guérisseur de ce que la vision de cette fabuleuse anamorphose dans son aspect monstrueux et grotesque se pourrait révéler aux yeux stupéfaits des habitants de cette cité, si tant héritière et porteuse d’un Sens dès lors si difficilement supportable et soutenable. Nous ne supportions plus la ‘galvaude-perroquette’ bien pensante et fort arrangeante des « Mère a dit…», bref nous étions déjà autre et ailleurs et renvoyé par la même occasion au monde, et il y a bien peu à dire de celui-ci ; hélas, sans doute manquons-nous de simplicité, nous ne pourrons nous empêcher malgré tout d’en dire toujours trop, bien que cependant nous ne le connaissions que trop bien et qu’il ne nous réserve que bien peu de surprises véritables, en tout cas rarement porteuses du Sens tel que nous le concevons dans l’esprit du Yoga Intégral !

Nous savons ce que représentent ces retrouvailles obligées d’avec ce monde (de plus, occidental !), de même que la confrontation et l’immersion forcées à cet autre langage, à cet ‘inacceptable’ après ces séjours d’Inde et ce qu’il faut d’énergie et de tolérance intérieures pour assumer de façon très approximative et empirique les conséquences de ces fracture et ‘séparativité’ dans la nature de ce fait forcément duelle de l’être inaccompli que nous sommes encore, pour se réajuster aux règles si restrictives et contre-naturelles de la ‘survie sociale’ sans pour autant avoir à se renier, se rogner, se compromettre, de redécouvrir de même de ce que le mot de “résistance” se peut vouloir signifier et prendre corps de sens, engendrer et imposer, pour traverser encore et encore les couches et aspects opaques de ces manques à ce nous-même (pour ne pas avoir à parler de celui des autres !) que nous avions sans doute mis nous aussi de côté — nos troupes, notre troupeau devrions-nous peut-être plutôt dire — pour retrouver dans ce monde si bouleversé et paradoxalement démuni en quasi totale errance ontologique et psychique* (nous éviterons le mot ‘spirituel’ dans ce qu’il se pourrait évoquer de si différent et d’équivoque pour chacun) une particule de ce Sens si spécifique de ce Yoga qui se puisse nous re-contacter, nous ré-axer, nous reformuler, nous revivifier et nous permettre d’envisager individuellement et personnellement de confirmer l’espace créateur possible du témoignage et de la rencontre.
Pourtant, le pouvons-nous encore effectivement ?
*Toujours selon la terminologie de Sri Aurobindo

À propos de…
Le propos ?
Réduire les abîmes de l’exil. Enfin, tenter.
Outre que le Travail se fait bien évidemment avant tout seul et avec soi-même, établir une ‘reliance’, à l’autre, et par l’autre bien évidemment à soi-même, là où c’est encore possible, là où il est des êtres qui ont ce Quelque chose qui brûle en secret intime de fond d’être, ce Quelque chose qui aspire à un renouveau, à prendre le soleil et fleurir, ne serait-ce qu’un peu, à une vie plus véritable et réelle autre que cette misère et cette mort latente à crédit que nous traversons l’échine courbée de par nos étroitesses et renoncements à nos véritables nous-même en cet espace de monde, et ce, dans si peu d’espérance et de Vie véritable et créatrice, Vie qui ne soit pas une survie et encore moins une sous-vie !


Le propos ?
Se rencontrer et se reconnaître en perméabilité et empathie secrètes et compatibles de ce qui se pourrait être un peu de fraternité, fraternité qui ne soit pas qu’un mot vain déjà bien trop prononcé à la légère ou galvaudé pour être empli du Sens.


Le propos ?
Permettre à ce ‘tout un chacun’ qui est animé de ce désir, de témoigner de la nature de son exil ou de sa Rencontre d’avec Lui-même et de constituer sur cette terre en peine les foyers disséminés mais réels et sincères de ce que nous nommerions “une Auroville” intime plus subtile, cette vacuité d’empreinte de sensibilité au Féminin, cette part de l’être si délicate et encore et toujours si peu reconnue de l’extériorité oppressive ignorante, ignorante même et bien évidemment d’une réalité autre que ce qu’elle connaît et reconnaît, elle, comme vérité.
Peut-être aussi, par rebondissement, que cela se devienne un peu le tain plus vivifiant et révélateur d’un miroir en lequel Auroville — ou tout au moins certains d’entre ses habitants, puisque nous nous pouvons faire injure à ceux qui y oeuvrent en vérité et le plus souvent en silence et il en est tout de même quelques uns (hélas, pas toujours aux postes-clef !) — aurait la possibilité de se ‘réfléchir’ pour redevenir ce pour quoi il a été créé et ne plus avoir à prétendre être aux yeux benoîtement ébahis d’un public émerveillé de la poudre aux yeux de belles paroles et d’idéaux dès lors frelatés (il se peut que la terre ait quelque nombril sans qu’il soit nécessaire d’y faire trop souvent référence ou préférence !), mais cela n’est peut-être plus de prime importance, parce que il est ce “Quelque chose” en marche et que c’est à chacun dans cette Aventure de se poser avant tout en conscience d’avec Lui-même et qu’il n’est là nul langage oiseux, spécieux, fallacieux ou justifiant qui se puisse contrer cette Réalité.
Sri Aurobindo, Mère, Satprem et d’autres, très certainement plus anonymes mais forcément sincères, ont foré ou défriché, forent ou défrichent le Passage. La jungle a vite fait de reprendre ses droits innés de jungle, l’incise est étroite et non sans risque ou danger — il n’est que d’y goûter un peu pour s’en apercevoir —, il est impérieux de ne pas laisser la trace s’évanouir et d’étayer autant que se peuvent l’être les acquis du défrichement et du déchiffrement tant qu’il nous est accordé ou offert de le faire. Nous proposons entre autres pour notre part à lecture certains textes nés de cette expérience vécue en Auroville et au Samâdhi de l’Ashram de Sri Aurobindo à Pondicherry ( DHANUSHMAT, lettres à une Auroville & Sans doute, une histoire de fraternité). Nous souhaiterions que cela ne demeure pas acte par trop individuel et soit peut-être suivi de contacts et de vos propres réflexions ou écrits qui témoignent d’une aventure similaire ou autre, tissant ainsi le liant d’une âme écrite de fraternité plus ouverte hors les limites d’une géographie circonscrite et classifiée.

Fraternellement,
le 28 novembre 2005


 
     
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