Jeudi 20 décembre
01, Samâdhi PM
Et Dieu prit son
stylo-plume et une feuille de papier brouillon et dit tout haut ce qu’il
pensait tout bas tout en griffonnant : « Voilà, en haut
un arc de cercle, c’est le ciel, en bas, un peu au-dessous un
trait horizontal qui est en fait un des quatre côtés d’un
carré représentant la terre, je simplifie, et entre les
deux un trait vertical qui touche le trait horizontal et la courbe du
haut symbolisant le ciel*. Bien sûr, je pourrais rajouter des
détails mais en fait ça compliquerait le croquis et c’est
déjà assez compliqué comme ça sans avoir
à en rajouter. De toutes façons, le reste n’est
qu’accessoires de mise en scène et ne soulage pas vraiment
la comédie dramatique qui sera jouée là.
Voila, c’est tracé ! Ce trait vertical c’est l’homme
; son but va être de faire le pont entre la terre et le ciel,
ça c’est vraiment tout une histoire. Pour commencer je
vais inventer le Temps, ce sera comme au ciné, les actions se
dérouleront sur le fil du temps, voilà, je trace le fil
que je découpe par le dessin en tronçons d’ères,
je laisse à l’homme le soin d’effectuer des graduations
plus adaptées à sa mesure s’il le souhaite, entre
nous ça n’a pas grande importance, mais bon je ne suis
pas à sa place, alors ?!… et puis je vais inventer la Mort,
ça c’est une grande invention, c’est une œuvre
à part entière, cela aura l’avantage pour l’homme
de lui rappeler qu’il n’est pas immortel comme moi, au cas
où il lui prendrait des velléités de l’oublier,
et qu’il peut se refaire une fois qu’il s’est raté
sur le temps d’une vie, un péché est si vite commis
et c’est si difficilement rattrapable, comme ça le jour
où il lui faudra reprendre du service de vie, il sera tout neuf,
enfin presque, mais il lui sera tout de même accordé une
chance ! Voilà déjà une scène qui se prend
forme et bonne allure ! Voyons donc maintenant, cela oui, il va lui
falloir vivre et mourir et pour que je ne sois pas là tout le
temps derrière, je vais lui donner la possibilité de se
refaire, ça c’est géant, c’est une idée
de merveille, je vais créer le Désir, ça j’avoue,
c’est beau mais c’est pas vraiment un cadeau, mais en fait
comment faire autrement ? Il lui faut une base naturelle bien solide
et porteuse, et comme il est important que cette même base se
garde une mémoire, il n’est guère d’autre
solution jouable, je ne peux pas prendre tout sur moi, donc acte ! Pourtant
si j’en reste là, il ne va penser qu’à ça,
et moi là-dedans, je reste toujours à l’écart
et c’est pas demain la veille que j’appartiendrai de près
ou de loin à ce monde de merveilles. A quoi me sert-il d’inventer
un monde si je n’y puis participer, je vous le demande ?…
donc re-acte, je vais créer l’âme, avec son petit
chapeau (français) pour symboliser un toit, elle sera ainsi toujours
abritée, ça c’est une trouvaille ! L’âme
va essayer d’être le pont entre la Nature et Moi-même,
autant dire tout de suite qu’elle est une partie de mon être,
ça facilitera la compréhension. Pourtant, je ne m’y
glisserai pas, on va dire que c’est un peu abstrait, subtil, voire
pour les philosophes subjectif, tant pis pour eux, ils n’y reviendront
pas à deux fois, à chacun son travail. Donc elle sera
cette part d’aspiration, comme une mémoire de Moi en quelque
part qui se voudra me retrouver, en somme c’est normal puisque
je suis son créateur direct et immédiat. Elle n’aura
de cesse que de tirer ce trait vertical vers le haut, là où
je serai en principe, symbolique, en fait je serai tout autant en bas,
mais là comme c’est très lourd et très opaque,
il y a peu de chance qu’ils pensent m’y trouver voire même
m’y chercher, en tout cas ce sera pas de sitôt ! Mais sait-on
jamais, j’ai suffisamment découpé le temps en rondelles
pour que cela se puisse un jour arriver, attendons et nous verrons !
En fait à réflexion, si la tension est trop forte en haut,
il ne va pas travailler le bas et il va venir me retrouver sans avoir
fait tout le travail, par contre si la tension est trop forte en bas,
il va stagner et se vautrer dans le luxe pour ne pas aller plus loin
dans l’imagination, car en fait ça ne mène nulle
part sinon un peu plus loin… au même point, l’idéal
serait qu’il se puisse vivre une expérience forte, ce serait
bien si la force d’en bas était aussi forte que celle d’en
haut, ça créerait un état de questionnement et
d’étirement perpétuel, ce qui entre autre, sans
vouloir me vanter, justifie totalement et pleinement la création
du mental, ce qui me confirme dans mon rôle de créateur
potentat et cela aurait l’avantage que ce passage éphémère
se puisse être réellement une réussite et un accomplissement
s’il se pouvait infirmer le plein trait “reliance’’
Terre-Ciel ; en fait c’est un secret de polichinelle, le but est
bien évidemment là !