Lundi 29 octobre
01, Samâdhi AM
Lettre à une Auroville
– «
D’où viens-tu l’ami, d’avec cet air sombre
? De quel trouble les feuilles de ton âme sont-elles si tant agitées
? »
– « Oserais-je te le dire tant ma honte est grande de ne
pouvoir supporter la médiocrité et l’indigence humaine
? Je viens de la Cité de l’Aurore, si tant citée
pour ce lieu d’Idéal où les hommes sont frères
et vénèrent en leur cœur la Mère de tous les
Mondes, mon cœur m’avait amené à trouver le
chemin pourtant caché aux yeux des communs mortels. En fait,
c’est une route asphaltée qui y mène à ces
jours et j’en fus grandement surpris. Pourtant la pancarte était
prometteuse et alléchante, c’était celle d’une
belle calligraphie rondement menée qui faisait invite grandiose
d’un monde de merveilles à découvrir enfin pour
une âme assoiffée d’absolu enfin “fraternisable’’.
Les mots et les paroles prononcées en cette bulle des mondes
étaient doux à l’oreille si heureuse de se trouver
une nourriture si tant attendue ; mon corps, mon cœur, mon âme
remercièrent le Seigneur de m’avoir fait trouver le chemin
si aisément au vu de ma lourdeur pataude et l’ignorance
qui me caractérisent et me manifestent. Les belles paroles si
créatrices de la Mère et de la Conscience-Toute étaient
délices et miel à mon mental soudain apaisé et
repu.
Las, las, ce me fut là la plus cruelle épreuve que mon
âme se dut rencontrer ; les mots, les paroles n’étaient
que voiles gonflées d’un souffle mort ou moribond ; les
âmes se glorifiaient de l’héritage d’une beauté
qu’elles ne se peuvent supporter en leurs cœurs et leurs
âmes malades. Là où Amour et Harmonie se disaient
être, je ne découvrais que perversité et discorde
et querelle sans fin d’êtres en soif de résister
à la vie divine qui pourtant se doit de les chercher encore malgré
toutes les tentatives d’obstruction qu’ils se doivent inventer
et intercaler pour échapper à leur destin d’être
pêchés.
Las, je n’ai en fait découvert que lieux de mégalomanie,
où les colonnes ne sont plus porteuses de l’Ordre de la
rigueur et du tracé “arché’’ de Dieu,
j’y ai découvert la falsification dénaturée
d’expression mégalo d’âmes prétentieuses
et stupides de leur propre Ignorance vaniteuse ; comment un tel lieu
d’Idéal se peut-il être d’une telle “communité’’
si peu avide d’un Vrai et d’un Beau à incarner en
la Matière Noble de la Vie ? Comment ces êtres se peuvent-ils
se leurrer sur les jeux que leur font jouer leurs propres natures et
se croire le nombril de la Conscience du Monde ? Je suis atterré
de ce “petit-bourgeoisisme’’ de banlieue du monde
qui se satisfait de sa piteuse écuelle de lait sans réclamer
celui des étoiles !
Peu m’en chaut les beaux discours s’ils ne sont pas porteurs
du Vrai-Sens que leur conféra le TOUT-VIVANT(1)
et la Mère de tous les Mondes ?