résorbée dans un Pardon, ce pardon
collectif à soi-même qui seul se pourrait effectivement
transmuer la Chair même de la ruche — cette puissance en
germe de l’unité dans le collectif — ruche de ce
fait bien peu véritablement et conséquemment miellée,
qui, il faut bien le dire nous paraît tout de même un peu
esseulée et un tantinet perdue sous bien des aspects détournés
de l’essentiel depuis, et pour cause ! Comment se fait-on pour
vivre un tel clivage en son cœur, en son âme, en sa conscience,
comment franchir cet abîme à soi-même ? Dès
lors quelle réalité se pourrait bien recouvrir ces mots
de fraternité et d’unité ? Car enfin, se peut-on
encore douter de l’“essentialité’’ de
l’engagement et de la valeur yoguiques de ces ‘exilés’
par ce qu’ils apportent de complément à cette Œuvre
déjà si tant engagée par Mère et Sri Aurobindo
? Bien sûr, on se peut faire l’autruche et se fourrer la
tête dans le sable, mais pendant que l’autruche se fait
l’autruche, qu’en devient-il donc de nos actes de Création
? Il nous semble qu’il y a là une responsabilité
qui est certainement à être portée et transmuée
par tout un chacun en le silence de son cœur et de son être
pour peu qu’il se soucie de son Chemin et de son Devenir. Car
c’est bien là en le cœur de ce ‘nous-mêmes’
que nous vivons l’EXIL, l’exil de ce manque à la
Vérité, de cette Ignorance qui se peuple encore tant nos
substances récalcitrantes, ne nous faisons pas d’illusions
et ne nous prenons pas le masque de la digne Vertu offensée !
Nous nous sommes aperçus combien la Bhakti vécue dans
la profondeur de l’être se pouvait être créatrice
et jouer un rôle important dans ce Yoga, il nous apparaît
de même que la fausseté en état de manifestation
de cette même Oeuvre se devient une Offense faite à notre
propre être en la profondeur même de son sacré le
plus intime. Nous portons ce fardeau d’un Mensonge originel, d’un
non-formulé, d’une rétention de Vie, d’une
trahison déjà avant que de ne commencer, cela s’est
fixé dans la cellule, cela s’est fixé ici bien spécifiquement
dans un Fait jusqu’à lors semble-t’il irrévocable
; pourtant cela se peut-il être un ‘irrévocable’
à jamais ? Cela ne se peut être figé en un déterminisme
absolu, ce serait dès lors renier les pouvoirs de la grâce
et c’est très certainement dorénavant à mettre
en Lumière, sinon c’est le cancer latent là aussi
d’une vie collective spirituelle suicidée assurée.
Le poids de non-création, l’inertie tamasique de la banalisation
du Geste et de l’oubli facile (à sa propre responsabilité),
la suffisance et l’orgueil du pouvoir nous sont les maladies subtiles
dont nous ne pouvons pas ne pas être conscients, ou alors notre
présence en ce Yoga n’a aucun sens. |
©Dhanushmat.
Tous droits réservés. Reproduction partielle ou entière
non autorisée sans accord de l'auteur. |