serait-ce là la métaphore d’un
exil plus vaste et conséquent qui s’étendrait et
se peuplerait la géographie extérieure d’une Auroville
ou d’un Âshram si peu véritablement unifiés
dans leur propre individualité ? Et qu’est-ce que l’exil
— avec ou sans fraternité — se peut bien signifier,
sinon la nécessité inconditionnelle d’aller chercher
plus profond son Unité cachée ?
Tout cela nous apparaît, pour clore, bien en porte à faux
sur la lame inaltérable de la Sincérité ; il y
a là substance à “perméer’’ de
la Lumière d’une quête intérieure plus poussée
et incise, sinon comment se pourrait-on appeler l’autre dans toute
la richesse de sa différence, « mon frère, ma sœur
! » … et l’embrasser sur son
cœur en la légèreté d’un sourire divin
de reconnaissance ?
17 mars 2003, Samâdhi, Âshram, Pondicherry.
18 mars 03, reading-room,
Ce qui sépare, ce n’est pas le simple fait de la différence,
c’est le sentiment de l’impossibilité d’une
union vraie.
19 mars 03, reading-room,
Peut-être la liberté et l’égalité la
liberté et l’autorité, la liberté et l’efficacité
organisées ne peuvent-elles pas se concilier d’une façon
tout à fait satisfaisante tant que l’homme individuel et
collectif vit dans l’égoïsme, tant qu’il est
incapable d’opérer une profonde transformation spirituelle
et psychologique et de dépasser la simple association collective
pour s’élever jusqu’au troisième idéal,
que pare une vague intuition les penseurs révolutionnaires de
France ont ajouté à leur mot d’ordre de liberté
et d’égalité — le plus grand des trois, bien
qu’il ne soit encore qu’un mot vide de sens sur les lèvres
des hommes —, l’idéal de fraternité, ou, traduit
d’une façon moins sentimentale et plus vraie : l’idéal
de l’unité intérieure*. Cet idéal, aucun
mécanisme social, politique ni religieux ne l’a jamais
créé et ne peut le créer ; il doit prendre naissance
dans l’âme et jaillir du dedans, des profondeurs cachées
et divines.
Sri Aurobindo, « l’Idéal de l’Unité
Humaine ».
*C’est nous ici qui soulignons.