Peu m’en chaut les beaux discours s’ils
ne sont pas porteurs du Vrai-Sens que leur conféra le TOUT-VIVANT(1)
et la Mère de tous les Mondes ?
Las, las, mille fois las, mon âme est malade et douloureuse, mes
nuits ne trouvent plus le chemin du sommeil, les étoiles et les
soleils se sont éteints de ma mémoire d’homme en
quête, et la terre a empli de son goût les caves de mon
cœur. Las, je suis de nouveau seul ! »
Un silence emplit le creux insondable du rêve.
– « Mon frère, tu te trompes très certainement,
je sais moi que cette Cité dont tu me parles n’est pas
la Cité de l’Aurore, tu n’étais pas prêt
à la rencontrer encore, ton cœur, ton âme étaient
encore la proie des fantaisies de ton imagination et je perçois
en tes propos un orgueil et une vanité teintée de mépris
et de dédain qui m’étonne de la part d’un
homme qui me paraissait pourtant un frère.
Passe encore quelques temps en ta solitude et réfléchis
bien en les tréfonds de ton être, tu y trouveras très
certainement ce grain de médisance enfoui au plus profond de
l’insondable de ton être, ce ne peut être autrement,
mon cœur sait que, en cette cité, les êtres sont beaux,
sincères, et vénèrent la Mère des Mondes,
cette Conscience merveilleuse que “perméent’’
les mondes et le TOUT-VIVANT*(1), Celui qui l’a matérialisée
de Son corps vivant et dévoué. Va, en fait tu m’as
assombri le cœur et l’âme, j’éprouve pourtant
pour toi une compassion non feinte et aurai prière afin que tu
reconnaisses tes erreurs de jugements si “incis’’.
Frère des chemins, je t’aime en quelque part, quels que
soient ta destinée et tes choix. Je te salue. »
(1) Il s’agit ici de Sri AUROBINDO.