Samedi 10 novembre
01, Samâdhi PM Lettres
à une Auroville (suite)
S’il n’y a pas en ces lieux propices
à l’ouverture à la conscience ce besoin, cette Nécessité
intégrale sans ambiguïté qui se meuvent l’être,
alors il n’est plus de changement envisageable en la Nature, et
le monde est à l’exacte ressemblance de ce que ce lieu
se proposait d’apporter d’aide et de soutien.
– «
Ici, ce n’est pas pire qu’ailleurs. »
– « Ah ?… bon. »
Il y avait longtemps que je n’étais pas retombé
ici, toujours ce foutu rêve de traviole, ça n’en
finira donc jamais ?
– « Ici, ce n’est pas pire qu’ailleurs. »
Ah, ailleurs c’est donc pas ici, mais en fait c’est bien
comme ici. Et dire que j’ai fait huit mille kilomètres
à vol de Boeing 747 pour entendre dire cela, zut alors ! Je croyais
que là-bas en mon monde du matérialisme non-divin*(1)
— *(1) tout de même ! — c’était tout
à fait autre ; je me suis donc planté une fois de plus
et … de plus mal planté donc, à ce que j’en
ressens. Fichtre… j’en finirais donc jamais, il n’y
a donc pas un seul lieu sur cette foutue planète bleue —
bleue, de loin — qui se puisse être un lieu de fraternité
vraie, de quête vraie, de cette petite joie jolie et pure qui
se fait une joie de s’ouvrir comme toute petite fleur soucieuse
de goûter son grand frère soleil ?
– « Ici, ce n’est pas pire qu’ailleurs ! »
Fichtre, il va me falloir réviser ma géographie et comme
‘Celui qui aime vraiment’*(2) envisager d’urgence
une île intérieure définitive, pas très humain
progressif évolutif tout ça, tout de même ! Il y
a encore des ponts et des îles pour pouvoir en arriver là
et être la juste évolution de son être. Inutile de
vouloir franchir les abysses de la prétention et de l’orgueil,
ça ne mène à rien sinon au bout du compte à
la catastrophe de l’inaccompli dans le meilleur des cas, et encore
? Alors ?… alors…
Que se peut-on changer quand la maladie a gagné si profond ceux
qui s’arrogent la prétention d’être les héritiers
de la Conscience. Ils gouvernent de leurs petits pouvoirs, décrètent
les lois du bon citoyen, de la bonne morale en place pour être
un bon aspirant, un bon client — riche si possible, dame, c’est
pas donné à tout le monde la bonne Conscience ! —
un bon nouvel-arrivant — ça rime avec aspirant, donc ça
marche ! — non sans avoir craché au bassinet de la fraternité,
et après, il n’y a hélas plus de doute, ici, c’est
pas pire qu’ailleurs, c’est vrai, c’est démontré.
Vous venez avec un Désir, et c’est tout de suite écorché,
c’est tout de suite l’inquisition, votre pedigree, seriez-vous
un espion du Divin ou celui d’un Diable tout aussi divin ?…
la question est d’importance, convenez-en, on n’entre pas
ici comme dans un moulin, heureusement que les gardiens du seuil